LE CORPS DE JULiETTE éTAiT DEVENU LA ViLLE DE ROMéO. Vedrana

Par Collectif Ratures // Poésie // Grenoble




Le corps de Juliette était devenu la ville de Roméo. Il promenait son regard sur le paysage, balayait des yeux le lac de sa chevelure, se baladait sur la grande avenue de sa nuque, prenait le temps de déjeuner sur la terrasse de son torse, s’abritait à l’ombre dans son nombril pour y faire une petite sieste, passait la porte du plaisir et en goûtait le fruit velouté, puis il admirait la fontaine.

Ensuite, il prenait un virage à gauche, sillonnait de sa main la courbure de son bassin, visitait lentement, descendait et arrivait à une impasse, infranchissable avec une muraille autour, alors il la survolait et remontait.

Après, il allait poster une lettre de mots doux à l’angle de son oreille, parcourait le tour de son visage en sautillant au-dessus de ses grains de beauté, se désaltérait à la source de ses lèvres pendant que ses doigts lisses coulaient le long du boulevard de ses hanches. Il rebroussait chemin, gravissait la colline de ses omoplates, prenait un grand tournant, grimpait la montagne de ses seins avec sa bouche, arrivait au pic de son téton, en faisait le tour avec sa langue, y reposait sa tête quelques instants, s’y installait enfin de compte, et y dressait son temple.

La journée passait très vite dans cette ville.



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