Comment est orchestrée la mise à sac des financements publics du sport ?

Publié le 27 novembre 2009 par Jarousseau

Vous n'avez pas pu échapper à l'investiture de Rama Yade dans les Hauts-de-Seine pour les Régionales ou aux commentaires sur sa popularité dans l'opinion. Vous avez certainement zappé sur Bernard Laporte, commentant sur un plateau de télévision, son livre "Un bleu en politique". Vous n'échapperez pas à David Douillet, fraîchement élu Député UMP des Yvelines, expert-thérapeute du sport-spectacle français, qui vient d'être mandaté, par Nicolas Sarkozy pour se pencher sur l'avenir du sport en France. Mais que font concrètement ces courtisans pour l'avenir du sport de masse en France ?
Dans une interview accordée ce matin à Directmatin, l'ancien judoka explique qu'il lui a été demandé d'"établir un état des lieux des forces et faiblesses de la France (dans le domaine du sport) par rapport à ses concurrents". Forces et faiblesses face à la concurrence ? Le Président se comporte comme un chef d'entreprise, en considérant d'abord le sport comme une vulgaire marchandise. Douillet explique que Nicolas Sarkozy lui a demandé "de faire toutes les propositions pour rendre notre pays plus compétitif et définir un programme d'accueil des événements sportifs internationaux à la hauteur de nos ambitions. Cela passe par la création d'équipements performants et adaptés à ces enjeux sur tout le territoire", a ajouté l'ancien champion du monde de judo.
Une fois de plus, cette majorité et son Président sont manifestement plus préoccupés par le sport-spectacle que la pratique de masse, qui est pourtant la source d'alimentation indispensable du sport de haut-niveau à long terme. Dans le cadre de la discussion parlementaire sur la loi de finances 2010, l'Assemblée Nationale a adopté le 12 novembre dernier le budget sport, jeunesse et vie associative. Si l’on en croit la Ministre de la Santé et des Sports, Roselyne Bachelot, le budget des sports serait en hausse de 1,13 %. Or, à structure constante, il régresse de 8 % ! Ces chiffres, en trompe l’oeil, ne parviennent pas à masquer le désengagement de l'Etat.
La répartition des crédits indique clairement des choix : 80,43 % pour le sport de haut niveau, dont les crédits sont stables ; 7 % pour la prévention, en légère augmentation ; 8,1 % pour la promotion des métiers du sport, en baisse de 4,2% et enfin 4,45 % pour le sport du plus grand nombre ! Le budget de l’Etat pour le sport pour tous voit en effet ses crédits baisser de 53,5%, passant de 21,8 millions à 10,1 millions ! C'est tout simplement inacceptable, d'autant plus que ce budget ne représente que 0,2 % du budget de l'Etat. En 2007, Nicolas Sarkozy, alors candidat à l'élection présidentielle, affichait l'ambition de porter à 3 %, le budget des sports. Nous en sommes aujourd'hui très loin.
Mais le pire est malheureusement peut-être encore à venir. Le projet de réforme des collectivités territoriales, dans lequel il est envisagé la suppression de la clause de compétence générale pour les départements et régions, interdirait à terme, de soutenir le financement du sport de masse. Enfin, la réforme de la fiscalité locale qui risque d'assécher gravement les ressources des collectivités locales, aura de graves effets, sur le financement du sport de proximité.
Évidemment, la question du financement du sport pour tous ne fait pas les grands titres des médias. D'un côté, nous avons un David Douillet qui va se pencher sur les performances du sport français, de l'autre une Rama Yade qui parle beaucoup d'elle mais pas beaucoup de ce qu'elle fait pour le sport. Le casting et la mise en scène sont parfaits pour cacher la mise à sac des politiques publiques en faveur du sport de masse, circulez, il n'y a rien à voir !