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Le suicide est sans douleur

Publié le 27 novembre 2009 par La Bienveillante @Ema_Dellorto

Le suicide est sans douleur

Le fils de Robert Altman a écrit cette très jolie chanson, Suicide is Painless (M A S H ; Marilyn Manson ; Lady & Bird : la chanson voyage).

"I realize and I can see...
That suicide is painless
It brings on many changes
and I can take or leave it if I please".

Cela (le suicide) apporte pas mal de changements. C'est à prendre ou à laisser, selon mon bon vouloir.

Sauf lorsque se manifeste un phénomène de "contagion" :

Tout le monde connaît l'histoire de ces quinze invalides qui, en 1772, se pendirent successivement et en peu de temps à un même crochet, sous un passage obscur de l'hôtel. Le crochet enlevé, l'épidémie prit fin. De même au camp de Boulogne, un soldat se fait sauter la cervelle dans une guérite ; en peu de jours, il a des imitateurs dans la même guérite ; mais, dès que celle-ci fut brûlée, la contagion s'arrêta.

Durkheim

Emile était cash.

Moins que les clients de France Telecom : "va te suicider" est-il conseillé aux travailleurs de l'opérateur par des clients au bord de la crise de nerfs (Ceux-là suivent peut-être avec bonheur un précepte qui nous est cher "Un meurtre en pensée par jour évite le psychiatre pour toujours").

Mais y a-t-il vague, épidémie, déferlement de suicides ?

Non, dit un statisticien :

"En 2007, on avait pour la population d'âge d'actif (20 et 60 ans) un taux de suicide de 19,6 suicides pour 100 000", explique-t-il. "24 suicides en 19 mois, cela fait 15 sur une année. L'entreprise compte à peu près 100 000 employés. Conclusion : on se suicide plutôt moins à France Télécom qu'ailleurs", affirme-t-il.

Le suicide est sans douleur

Les statisticiens sont-ils de bon conseil ? Doit-on se fier à eux ? N'y aurait-il même pas mode mais un phénomène normal, TOUT A FAIT COMPREHENSIBLE ET ATTENDU ?

On relate ici et là les conditions de travail de ces disparus :

"Il travaillait sur un plateau qui était connu depuis longtemps pour être invivable, il y avait une vraie indifférence, aucune humanité, on ne parlait que de chiffres, les salariés étaient de la chair à pâté"

Car les chiffres ne font rien à l'affaire.

D’abord, il y a eu Philippe , à Amboise (Indre-et-Loire), un technicien muté dans un centre d’appel ; le 19 février, il s’est pendu sur le site / Marc a lâché prise : sa mutation forcée, ses nouveaux horaires, lui avaient rendu la vie impossible, comme il l’a écrit dans sa lettre / Une salariée de France Télécom est décédée vendredi en se jetant par la fenêtre de son bureau

Le suicide est sans douleur
 

Les disparus semblent vouloir clairement signifier à leur employeur qu'il est la cause de leur malheur. Doit-on les priver du message qu'ils veulent manifestement laisser ?

Je pense alors au choc des civilisations. Qui n'y pense pas, hein ?

Et je me dis. Les habitants du monde ne mettent pas fin à leurs jours pour les mêmes raisons. En vieille Europe, on se lance dans le vide du haut de son bureau perché. En vieil orient, on se ceint de dynamite et l'on explose là aussi à un endroit précis.

Je n'oublie pas que les seconds emportent avec eux des vivants qui n'ont rien demandé. Cela ne m'offusquerais pas qu'on les traite de meurtriers.

Il y a à l'origine du "suicide bombing" tout de même un certain désespoir.

Quelqu'un pourrait brûler la guérite ?

Le suicide est sans douleur
 

(les photos sont issus du film Harold et Maude que vous avez le devoir de voir)


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