Remettons-nous dans le contexte historique, les pony-cars explosent depuis le milieu des années 60. A partir de 1970, un budget est alloué afin de moderniser la Valiant vieillissante depuis 1966. Les ingénieurs et designers voient d’un autre œil l’affaire et développent la Duster, un coupé qui va devenir très populaire.
La Plymouth Duster se veut résolument Fastback : les lignes de toit descendent sur l’arrière, elles sont très distinctes des panneaux des portes. Le toit est rendu minime et lui confère cet esprit coupé tant recherché par son père, Neil Walling. Les feux arrières sont conçus inversement à la Valiant ; disposés horizontalement, ils sont imbriqués en dessous du coffre. A l’avant, la nouvelle calandre de la Valiant fait également son œuvre sur la Duster.
Le choix de la motorisation n’est pas très large : on peut soit prendre le Bulletproof Slant Six (225 pouces cubes) développant pas loin de 150 chevaux ou bien le V8 de 5,2 litres qui lui propose 230 chevaux (318 pouces cubes). Un troisième moteur est proposé, il s’agit du 340 pouces cubes qui lui permet des performances bien plus attrayantes et qui fait presque rentrer la Duster dans la cour des muscle-cars (5,7 litres). On lui attribue volontiers le titre aux vues des records de temps battus au mile sur la Barracuda.
La Duster devient appréciée d’un large public, les ventes grosses cylindrées dépassent allègrement celles de la dite Barracuda, 25000 unités contre 20000 pour la sœur de marque. Prix moins élevé, assurance aussi, elle a tout les atouts pour affronter le marché et assied son statut de petite voiture américaine économique. Toutes catégories de Duster confondues, les ventes s’élèvent à 217192 exemplaires pour la première année de production. Un modèle tout particulier apparaît lors de la 100000ème Duster produite, il s’agit de la Gold Duster. Elle se présente avec sièges vinyles, flancs blancs pour les roues, écussons, feux arrières dorés, elle fait vite l’unanimité.
1971, peu de changement, tous les modèles de Duster continuent à se vendre comme des petits pains : 340 Duster, Duster Gold, Feather Duster, Silver Duster, Space Duster se répandent partout dans les Etats-Unis. Dodge, l’autre maillon du groupe Chrysler, jaloux du succès Plymouth, s’en va copier le concept en réhabilitant sa Dart en Demon 340 trop inspiré de la Duster. Le résultat a pour conséquence une très faible part de marché non sans réjouir les instigateurs de Plymouth qui se lancent à leur tour dans l’imitation en lançant la Scamp. Une nouvelle version de Duster apparaît aussi, c’est la Twister munie d’une calandre remarquable.
Peinture personnalisée verte à bande latérale noire, roues spéciales courses, sièges relookés, la Twister fait un tabac. En 1972, peu d’éléments changent, la ligne de conduite est maintenue au dam des designers qui voyaient d’autres perspectives à apporter. La popularité si importante ne nécessite pas une Duster redessinée. Seule la version Space alias Pak Spacemaker subit une nette amélioration en 1973 : du capot et de la calandre aux pare-chocs en passant par les feux, le tout revisité impérialement.
A partir de 1974, une déclinaison un poil plus nerveux voit le jour : la Duster 360 développe pas moins de 245 chevaux. Étrangement, la production s’est cantonnée à 4000 unités, le triomphe n’est pas au rendez-vous. L’autre partie de la gamme s’en sort vraiment bien avec l’embargo pétrolier et les restrictions de l’État mais la chute des ventes s’effectue à retardement et c’est en 1975 que s’estompe net l’attrait pour cette voiture américaine.
La Plymouth Volare et la Dodge Aspen sont censés reprendre le flambeau, la direction l’impose par temps de crise, Chrysler est au plus mal. Il ne s’est vendu qu’à peine 120000 Duster en 1975 pour finalement rechuter finalement à moins de 35000 unités et sonner le glas de la pourtant méritante Duster.
La dénomination sera reprise pour des séries ultérieures notamment la Volare 1979-1980 mais le style est plutôt dépourvu de sens, rien ne vaut l’inoubliable Duster originale !