Dominique de Villepin se comporte actuellement sur des bases de réelle rupture avec l'imagerie classique qui a longtemps accompagné ce haut fonctionnaire.
Remarquable déplacement de Dominique de Villepin à Toulouse. Tous les participants s'accordent à reconnaître la métamorphose de ce quinquagénaire qui n'a pas seulement bonne mine mais aussi le souffle de l'espérance.
Trois barrières ont été manifestement brisées.
La première est celle de la distance. Il est aujourd'hui proche, accessible, attentif, respectueux des avis les plus divers, humain. C'est une réalité qui est loin de l'imagerie classique qui collait au tempérament de celui qui fut d'abord pendant plusieurs années au premier poste de service de l'Etat au Secrétariat général de la Présidence de la République.
La deuxième barrière est celle des circonstances. Notre pays est au debut de la crise économique et des conséquences sociales qui en découlent. Tous les chiffres dont les plus récents en matière de chômage montrent qu'il y a "le feu à la maison". Les chiffres donnés hier par le Directeur des Etudes de la Fondation Abbé Pierre en matière de logements donnent le frisson tant le drame est profond. La France est installée dans la crise. La chance de Dominique de Villepin est actuellement d'être à l'écart des pouvoirs, vivant la réalité avec un petit cercle de proches qui savent ce que vivre un effort signifie, ce qu'économiser signifie, ce que faire appel à des aides bénévoles signifie. Cette leçon du terrain est le meilleur anti-corps contre les "grosses têtes" coupées des réalités. Voir travailler Mme Girardin et M. Carignano est un retour au vrai militantisme c'est à dire à la force de la valeur des convictions.
La troisième barrière est celle des dossiers. Il n'y a plus d'intervention de Dominique de Villepin qui n'intègre pas d'abord la dimension humaine. Il n'est plus seulement question du dossier de l'emploi mais de la tragédie humaine de l'exclusion économique. Il n'est plus question du dossier du logement mais de la perte d'identité car comment être soi sans toit ?
Nous assistons actuellement à un parcours politique original qui correspond à une tranche de vie originale de son auteur.
Aucune présidentielle n'a répondu aux pronostics initiaux. Les seconds tours prévus serrés ont été larges (2002, 1995, 2007). Les premiers tours joués ont été ouverts (2007 et Bayrou, 1995 et J. Chirac, 1974 et VGE).
Nous assistons actuellement à l'émergence d'une tendance qui pourrait bien réconcilier les Français avec une dimension humaine et essentielle de la Présidence comme vitamine de cohésion et non pas d'affrontements, de réalité et non pas d'annonces, d'esprit d'équipe dans la diversité et non pas d'exercice solitaire du pouvoir.
La montée de nouveaux clivages culturels donc politiques est probablement en train de naître pour fonder les conditions de la vraie sortie de crise.