Le livre numérique « s'apprête à décoller en Europe » estime l'AFP qui vient de passer un petit moment avec le SNE dans le cadre des Assises du livre qui se déroulait hier. Si des échos qui nous en sont parvenus, l'initiative était « intéressante, mais n'a pas fourni matière à réflexion », pour les plus engagés dans la voie numérique, reste que l'on y a parlé d'ebooks et de développement.
Pour Serge Eyrolles, le président du Syndicat, le risque actuel réside dans ce « fossé » qui existe entre les préoccupations des éditeurs « et la politique menée par ceux qui nous gouvernent en termes de numérique ». Phrase sibylline, et difficile à entendre si l'on prend en compte l'attitude du ministre de la Culture dans le domaine. Et le président d'ajouter : « Ils n'ont pas capté le virage de la musique, il faut vraiment qu'ils captent celui du livre, sinon c'est très dangereux. »
L'augmentation outre-Atlantique des ventes en matière de numérique est notable : entre 2008 et 2009 sur le premier trimestre, pour ne prendre que lui, l'augmentation des ventes se chiffre à + 278 %.
Alors forcément en France, on se pose des questions, relatives à la TVA, aux droits d'auteur, à la diffusion - anecdote amusante, il semblerait qu'un célèbre distributeur de livres papier qui prend 55 % du prix du livre soit passé à 70 % pour la distribution d'ebooks... Comme quoi, les diffuseurs distributeurs tenteront vraiment de reprendre la main sur le marché numérique si celui du papier leur échappait ou s'amenuisait. L'un des aspects de ces questions est justement la place du livre papier : « On constate que ceux qui commencent à lire des livres sur des supports numériques oublient très vite le livre papier », explique Ronald Schild de Libreka, la plateforme de vente d'ebooks allemande.
Tout un univers dont il faut « inventer l'avenir », synthétise donc Virginie Clayssen, présidente de la commission numérique au SNE (auparavant pilotée par Stéphanie Van Duin, ancienne de chez Hachette)
Restait alors la question des supports de lecture et leur démocratisation qui assurera, en parallèle d'une offre intéressante financièrement et niveau catalogue, le succès de l'ebook. Ronald Schild : « Des études montrent que le prix des lecteurs doit descendre à moins de 100 euros pour être attractif pour les consommateurs. »
Et Google ? Le discours ne change pas : impossible de laisser à une société privée le monopole international sur la culture, estime le président du SNE, pour qui l'on subit actuellement « une spirale infernale ». On attend donc le jugement prochainement rendu dans l'affaire qui oppose La Martinière à Google books, et dont le verdict sera rendu le 15 décembre prochain...