Magnum, ce sont des reporters photographes, n’est-ce pas ? Allez donc voir les locaux qu’ils viennent d’investir rue de l’Abbaye, avec la complicité de Robert Delpire. Juste devant l’entrée une scène floue et érotique bien dans la manière d’Antoine d’Agata (dont l’ensemble sur la Palestine vu à Paris Photo m’a impressionné). À gauche, dans une petite salle, un ciel parsemé d’écureuils volants (Trent Parke) et une envolée de jeunes filles mennonites en habits sévères (Larry Towell). À votre droite, cette photographie tumultueuse de Paolo Pellegrin, Albania, où il faut un instant pour que l’oeil trouve ses repères, décrypte le reflet du ciel dans la fenêtre d’autobus, s’enfonce avec jouissance dans les éclats de lumière et se raccroche au collier de l’une, à l’alliance de l’autre : indécision du point de vue, entre ciel et têtes. Tout en bas, est-ce un mât de haut-parleurs, un réverbère ou une étamine ?
Magazine Beaux Arts
Dans la grande salle, entre deux scènes violentes de rituel païen de Cristina Garcia Rodero, ce paysage polonais si calme de Mark Power, doux et engageant, avec toute la mélancolie du saule pleureur (The sound of two songs). Plutôt que des photos d’actualité, on voit ici des travaux très personnels de la jeune génération de Magnum, parfois très engagée (Mark Power a déménagé en Pologne pour faire cette série), avec des images souvent moins descriptives, plus créatives que celles de leurs aînés