Chaud le vin, chaud !

Publié le 26 novembre 2009 par Yvesd

Le vigneron c’est comme le marin pêcheur : c’est du rugueux, ça a le sang chaud. Les mauvaises langues diront que l’analogie est évidente vu que, les pêcheurs, ça mégotte pas plus sur le pinard que sur la (vraie) galette-saucisse.

Reste que la violence des émeutes de la nuit dernière à Montpellier ne peut pas être attribuée à une consommation excessive de produits du terroir par les manifestants. De fait, les vignerons consomment généralement leurs produits avec une modération dont ne font pas toujours preuve certains de leurs clients, marins pêcheurs notamment.

Reste aussi que depuis la crise du phylloxéra et les « évènements » de 1907, la région connaît régulièrement des accès de fièvre viticole liés le plus souvent à la mévente de leurs produits. Depuis maintenant plus d’un siècle, le vin est un dossier agricole d’autant plus chaud que, contrairement à celles d’autres régions, la viticulture languedocienne est très majoritairement constituée de petits propriétaires économiquement fragiles.

Le paradoxe de la crise actuelle est que, si le marché français du vin est quantitativement déprimé depuis de nombreuses années, le marché mondial est par contre en progression régulière.

John and Mary, les cousins canadiens de Josette et de Marcel, en consomment désormais de plus en plus souvent, comme tous les natifs de Winnipeg (Manitoba) qui ne veulent pas passer pour d’indécrottables red necks aux yeux de leurs voisins.

Et pourtant, les vins « de table » que produit la région continuent de mal vieillir dans les chais des caves coopératives et d’encombrer les stocks, en attendant d’être déversés sur le parvis de la sous-préfecture de Béziers et sous les lacrymos des gardes mobiles.

Pas besoin d’avoir fait Normale Sup et l’ENA pour comprendre qu’ils sont impropres à la consommation internationale ou en tous cas inadaptés à la concurrence mondiale, celle des vins espagnols, italiens, chiliens, australiens, sud-africains ou californiens pour ne citer que leurs principaux concurrents.

Si chez « Restons Correct ! » nous ne sommes pas des spécialistes du sujet, nous connaissons suffisamment le dossier pour pouvoir affirmer que ce n’est pas la qualité en soi qui est en jeu.

Pour rugueux qu’ils soient les viticulteurs locaux ont compris depuis belle lurette qu’il était vital de l’améliorer. Les vins de pays qu’ils produisent aujourd’hui n’ont heureusement plus rien à voir avec les infects jajas d’antan dont ils abreuvaient autrefois le marché domestique en général, les casernes de l’armée française en particulier.

Les graves problèmes de commercialisation qu’ils rencontrent sont sans doute en partie liés à la fragmentation et au conservatisme du secteur coopératif qui se charge de les vendre, mais pas uniquement.

Ils proviennent surtout d’une réglementation étatique particulièrement tatillonne qui leur interdit de produire des vins adaptés à la demande internationale et, évidemment, à la lourdeur des charges de toutes natures auxquelles ils sont soumis.

Une nouvelle preuve qu’il n’y a rien de mieux qu’une réglementation bien tatillonne et une avalanche de taxes et de charge pour vous couler, sans modération, toute l’économie d’une région, si ce n’est celle d’un pays tout entier…