Un vrai polar. Toutes les règles du genre sont respectées.
Le héros est un journaliste à la dérive, alcoolique, qui traîne de café en pince-fesses et en bordels. Il vit avec sa mère, bientôt mourante. Les cadavres jonchent la ville sans que la police n'arrive à stopper l'assassin et à faire le lien entre les crimes. On pénètre dans toutes sortes de milieux, selon la coutume du roman policier qui est devenu un révélateur social.
L'originalité du Dernier Echangeur est que l'intrigue s'y passe à Lausanne. L'auteur, Daniel Abimi, né de père albanais et de mère suisse-alémanique, connaît la ville sur le bout des doigts et nous entraîne dans ses quartiers les plus divers. Né de père albanais: ce n'est pas un détail. Grâce à ça on pénètre notamment dans une boîte ethnique: patron Kosovar, orchestre albanais...
Ce n'est pas le seul lieu insolite. Abimi montre que dans une ville comme Lausanne, de nombreux milieux cohabitent, s'ignorent généralement, interfèrent parfois dans des circonstances exceptionnelles.
A côté des communautés étrangères, il y a la petite pègre, les gros bonnets, la bourgeoisie immuable dans son fonctionnement, sinon que, dans le roman de Abimi, cette bourgeoisie partouze beaucoup. Ce n'est d'ailleurs pas un des moindres charmes du livre que de voir ces notables, après une journée de ski et une raclette, s'adonner à l'amour collectif dans un chalet de Villars ou dans une boîte échangiste située dans la zone industrielle, juste après Villeneuve...
Daniel Abimi, Le Dernier Echangeur, Bernard Campiche éditeur