...ça sent un peu le sapin chez Miramax, la société new-yorkaise fondée en 79 par les très ambivalents frères Weinstein, rachetée
par Mickey au début des 90's, puis quittée par les frangins en conflit avec l'ogre Disney, qui joue maintenant les oncles Picsou : fermeture des bureaux new-yorkais, coupe sombre
dans les effectifs, mise sur la touche du boss, et bien sûr grosses restrictions sur l'investissement (la boîte sortira 3 films par an, contre 6 à 8 jusque-là)...
Bref, à ceux qui ne négligent pas ce genre d'évolution (Miramax a quand même sorti Sexes, mensonges et vidéos, Pulp Fiction, et plus récemment Gone Baby Gone ou Sin City), qui veulent savoir comment L.A. achève de ronger la Grosse Pomme en s'acharnant sur le trognon, et ce qui se passe en ce
moment dans les specialty divisions des majors (ces compagnies qui, telles Miramax, New Line ou Paramount Vantage, bricolent les "petits" films "indépendants" des gros, et
sentent encore la pellicule plus que le popcorn... enfin en principe, car il faut bien en croquer), je suggère la lecture des deux courts articles d'Owen Gleiberman sur ew.com
:
http://movie-critics.ew.com/2009/10/11/the-gutting-of-miramax/
http://movie-critics.ew.com/2009/11/02/the-gutting-of-miramax-pt-ii/)
On n'est pas obligé de souscrire à tout ce qu'il dit, mais le phénomène qu'il décrit est bien réel.
Premier tiers du film, je resitue : à l'occasion d'une petite croisière improvisée sur un rafiot pirate, John Rambo, tout en aiguisant avec un air profond son couteau,
(entr')ouvre son coeur à Co Bao (Chun Li c'était déjà pris), son contact sur place, une jeune Vietnamienne pimpante (Julia
Nickson-Soul... sisi elle est " viet' ", enfin elle a les yeux bridés, dans les années 80 - et aujourd'hui encore - ça suffisait amplement pour tout jouer, du Japonais au Laotien en
passant par l'Ouzbek, et encore il y avait eu du progrès depuis l'époque où le divin Yul Brynner , un Russe de
Vladivostok - pas loin de la Chine, ça doit être pour ça -, incarnait l'empereur de Siam...). Je m'égare. Rambo,
donc, confie à la demoiselle intriguée que si on l'a envoyé dans ce merdier, c'est parce qu'il est "expendable", c'est-à-dire "superflu", "de trop",
"inessentiel" quoi. Snif.
Un peu plus tard, avant de se prendre une rafale d'AK47 pour les besoins du scénario (on va pas non plus se la traîner pendant la boucherie qui suit), la même Co Bao, avec un tremblement
lyrique dans la voix, déclare à J.R. :
"No, Rambo, you're not expendable". Re-snif.
Certes, c'est un peu moins riche comme concept que le noumène ou la dialectique... N'empêche que Sly, c'est un obstiné, un persévérant, un dur au mal. Comme Rocky...