Pour moi, écrire un roman repose sur 3 postulats :
- Une histoire pensée dans ses grandes lignes, qui pourra bifurquer vers autre chose à un moment donné. Il faut alors éviter de se disperser et de partir sur des pistes trop éloignées de l’intrigue de départ, ce qui en fausserait ou en dénaturerait l’idée première.
- L’émotion positive ou négative qu’on partage d’emblée avec ses personnages. La tentation est grande parfois de se laisser piéger par eux. Ils peuvent être tyranniques et mobiliser trop « d’encre », au détriment de l’harmonie du récit.
- La structuration du tout, qui découle des deux premiers constats. En principe, une fois trouvé le bon équilibre, « la vitesse de croisière », elle s’installe d’elle-même, sans gros effort intellectuel. C’est avant que l’effort intervient.
L’écriture est avant tout pour moi affaire d’instinct, d’empathie avec ses personnages. Il faut accepter de regarder en face aussi bien leur côté sombre que leur côté lumineux et ce n’est pas toujours évident car ça renvoie souvent à ce qu’on est soi-même, ses travers comme ses qualités.
Je pense qu’il n’y a pas vraiment de recette pour écrire un roman. Chaque intrigue, chaque personnage est différent et l’auteur doit s’adapter aux contraintes qu’ils imposent tout en les maîtrisant de bout en bout.
Personnellement, je ne m’impose pas chaque jour un nombre de mots définis à l’avance. Je peux rédiger 10 pages d’affilée un jour et 2 lignes le lendemain. Voire, rester plusieurs jours sans rien écrire. Il ne faut surtout pas forcer son rythme, au risque de produire de mauvaises choses. Parfois, les personnages n’ont plus rien à dire et il faut attendre qu’ils retrouvent la parole.
Il ne faut pas s’imposer d’urgence dans l’écriture, c’est surtout une affaire de patience et d’opportunisme. Mais je pense que pas un auteur ne fonctionne de la même façon, c’est ce qui fait toute la diversité et la complémentarité des talents.