Article repris par Medium4You.
La grippe A mexicaine porcine H1N1 fait ses ravages à petits pas malgré le scepticisme initial. Les Français, méfiants par atavisme envers tout ce qui vient de l’Etat, commencent à se rendre compte du nombre d’écoles et de collèges fermés, de proches atteints d’une forme de grippe et des morts qui s’accumulent. On a beaucoup parlé des trois premiers décès… puis plus rien jusqu’au 33e, un black-out médiatique inédit, comme s’il y avait quelque chose à cacher. Les centres de vaccination, presque déserts il y a une semaine, se remplissent désormais en TGV (très grande vitesse, sigle de l’identité française).
Il faut dire que la communication d’Etat est toujours aussi piètre. Effets d’annonce, principe de précaution, tout vise à grossir la menace d’un côté pour se gargariser de ce qu’on fait et à rassurer de l’autre comme si la grippe allait s’arrêter aux frontières. Le nuage de Tchernobyl, le terrorisme islamique, la vache folle et le sang contaminé ont été traités ainsi par les technocrates politiciens qui se croient toujours les seuls à savoir, experts guidant le peuple, instituteurs du social, bergers du troupeau de mineurs ignares et vaguement idiots que nous sommes. Ce n’est pas une particularité de la droite mais un trait national : le parti socialiste joue aussi de cette mission de guide des innocents exploités victimes, sans parler du parti communiste qui se croit avant-garde. Cette déformation française engendre de la méfiance plus qu’ailleurs. A bon droit, les citoyens adultes et pères de famille, responsables épris de libertés, soupçonnent les « bonnes âmes » qui savent mieux que vous ce qu’il vous faut de les manipuler. En général pour se faire mousser. Et en général ils ont raison.
Mais cet étatisme (véritable identité nationale !) vient de plus loin. Il vient de la logique d’église reprise d’Aristote et désormais transmise par l’éducation : tout est rationnel, tout se calcule, tout se maîtrise. Descartes (après la Bible) faisait de l’homme le « maître et possesseur de la nature » ; La Mettrie croyait au corps-machine ; les saint-simoniens mandataient les experts scientistes pour être les guides politiques de la société et la guider vers les Lumières ; curés, médecins, instituteurs et entrepreneurs allaient aux colonies civiliser les âmes sauvages ; et les profs se missionnent eux-mêmes dans les cités. Les technocrates sortis de l’ENA ou de Polyclinique ne font que se mettre dans cette tradition. D’où la méfiance généralisée à leur égard, pontes médicaux compris. Les gens font confiance à leur médecin qu’ils connaissent depuis des années ; pas aux instances anonymes qui font des effets de manche et d’annonces, se trompent régulièrement sur les menaces, et vous convoquent comme au service militaire dans des centres de vaccination dont on soupçonne qu’ils pourraient être bientôt gardés par la troupe si chacun exige son vaccin…
C’est le mérite d’un livre tout simple qui vient de sortir en auto-édition : ‘Prévenir et guérir la grippe’, de Thierry Souccar, aux éditions Thierry Souccar, octobre 2009. En 198 pages, ce journaliste spécialisé dans la nutrition passe en revue de façon fort sensée ce qu’est la grippe et d’où elle vient, l’efficacité des traitements, les défenses naturelles de chacun. Il promeut en conclusion un programme personnel anti-grippe. C’est un livre de journaliste scientifique, pas de médecin. L’auteur dirige la rédaction de lanutrition.fr. Mais son point de vue est rempli de bon sens : il s’informe, il réfléchit, il propose une prise en main par chacun de sa propre santé.
Certes, la grippe est produite par un virus. Mais ce parasite vient coloniser surtout les terrains affaiblis, autant le savoir et faire ce qu’il faut pour s’en prémunir. Nous sortons ainsi de la médecine comme mécanique où il s’agit de traiter non un patient mais sa tuyauterie. La santé est un tout : elle fait appel à l’hygiène de vie, à la volonté, aux équilibres. C’est ainsi que Thierry Souccar attire l’attention sur les effets des élevages industriels où volailles, porcs et humains entassés, nourris des déchets les uns des autres, recyclent les virus entre espèces et produisent chaque année des mutants. Lutter contre la grippe, c’est déjà lutter contre la malbouffe et contre l’industrialisation du vivant. Il attire l’attention sur la lumière solaire qui synthétise la vitamine D et ses effets sur l’immunité, donc sur la propension à attraper la grippe ou à bien lutter contre elle. Il attire l’attention sur l’équilibre alimentaire qui permet de puiser dans ce qu’on mange les éléments aptes à renforcer les défenses naturelles que l’être humain a développé durant les millénaires.
Il ne s’agit en rien d’un livre de charlatan, ni d’illuminé prônant le retour à la nature. Thierry Souccar conseille d’aller chez son médecin si les symptômes grippaux qu’il décrit s’aggravent, empêchant notamment de respirer. Il ne déconseille pas le vaccin, qui améliore probablement l’immunité acquise, même si de nombreux virus différents (non inclus dans le vaccin) donnent des symptômes assimilés à « la » grippe. Mais il incite surtout chacun d’entre nous à l’initiative. Il ne faut pas attendre tout de la médecine, du système de santé ou de l’Etat (encore moins des politiciens démagogues qui vous réduisent volontiers au statut de victimes !). Réduisez le stress, dormez bien, attention au surpoids, faites de l’exercice modérément, vérifiez les hormones après 50 ans, mangez des légumes, des fruits, des poissons gras, du chocolat, buvez du thé vert et du vin rouge sans excès, supprimez les polluants qui font respirer plus mal.
En bref, ne vous laissez pas faire ! Voilà qui est libéral, dans le sens où chacun est doté de bon sens et apte à se prendre en main. L’exact inverse de la posture victimaire à la Royal ou du « dormez, bonnes gens, on s’occupe de tout » des technocrates au pouvoir. Le vote écologiste a montré que les citoyens aiment à agir par eux-mêmes. Quand donc nos politiciens, pris dans les rets autoritaires des institutions Ve République et dans la tradition catholique-romaine glorifiée par Napoléon, vont-ils se rendre compte qu’ils font fausse route ? Pourquoi les Français seraient-ils inaptes, au contraire des Allemands, des Suisses, des Suédois, des Anglais ou des Italiens (entre autres) à se prendre en main ? Pourquoi seraient-ils d’éternels mineurs incapables de juger par eux-mêmes ce qui est bon pour eux ?
C’est le mérite de ce livre pratique, utile et facile à lire, de nous rappeler que le caporalisme est une maladie au moins égale à la pandémie grippale, certes contagieuse, mais heureusement peu létale.
Thierry Souccar, Prévenir et guérir la grippe, éditions Thierry Souccar, octobre 2009, 198 pages, 11,88€
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