Après l’agitation d’hier, reprenons nos activités normales :o).
La protection judiciaire de le jeunesse (PJJ) est un organisme en charge des mineurs en danger, des mineurs délinquants et des jeune adultes en difficulté.
S’occuper des jeunes en danger permet dans, un certain nombre de cas, d’éviter leur passage à l’acte, parfois vers des actes de délinquance. Le ministère de la justice a engagé une restructuration de la PJJ ; leur mission consistant désormais à s’occuper davantage des délinquants que des mineurs en danger.
Le 15 septembre, la directrice départementale de la PJJ de Paris Catherine Kokoszka, a fait une tentative de suicide dans son lieu de travail. Elle a souhaité expliquer son geste dans une lettre que vous pouvez lire ici.
Si beaucoup s’accordent à vouloir mettre les mineurs délinquants en prison, personne ne se demande comment se passera leur sortie. Quels projets peut-on lancer, quelles solutions peut-on proposer pour que ce jeune ne replonge pas aussitôt ?
Le mineur délinquant est tout entier réduit à l’acte qu’il a commis. Le 19 novembre, un enfant de 13 ans s’est rendu à son collège avec une arme à feu ; il avait l’intention de tuer plusieurs de ses professeurs. Il a renoncé à son geste. Il pourrait être mis en examen pour tentative d’assassinat, crime qui peut lui valoir 20 ans de prison. Personne ne niera la gravité de l’acte ; mais quelle est cette société qui peut envisager d’enfermer un enfant pour 20 ans ? Que sera-t-il à 33 ans alors qu’il aura passé la majeure partie de sa vie en prison ? est-il si “soixante-huitard” de comprendre son parcours de vie, de peut-être envisager une thérapie en centre fermé afin de comprendre ce qui l’a motivé ? Bref de lui laisser une chance plutôt que d’imaginer qu’il finira comme les jeunes de Colombine ?
Qu’est ce qui nous motive exactement à vouloir à tout prix mettre les gens en prison ? Les punir ? Cela n’est pas le but de la justice. Leur dangerosité ? En ce cas, un bon nombre de personnes n’ont rien à faire en prison. A moins de vouloir les délinquants et criminels enfermés à vie, il fut bien envisager leur réinsertion, bien admettre qu’il faut tout faire pour qu’il n’y ait pas à nouveau passage à l’acte.
Vous avez ici un texte d’une avocate sur la justice de mineurs.
Vous avez là un texte mettant à mal les idées reçues sur la délinquance.
Je vous note un point important répondant à une phrase de Sarkozy : “L’ensemble des faits susceptibles d’être qualifiés de criminels (à savoir les homicides, les viols, les vols à main armée, les prises d’otages et séquestrations et enfin les trafics de drogue) ne représentent que 1,3 % du total des infractions reprochées aux mineurs. A contrario 98,7 % de cette délinquance n’est donc pas constituée par des actes graves du type de ceux cités par la ministre (ce sont des vols, des dégradations, des bagarres, des simples usages de drogue, etc.).”
En septembre, le gouvernement a annoncé la disparition du poste de “Défenseur des enfants”, poste au sein duquel Dominique Versini avait rendu rapport et observations sur l’avant-projet de code de la justice pénale des mineurs.
En juin 2009, le Comité des droits de l’enfant a rendu un rapport sur la situation française : “Le Comité est préoccupé par l’absence de politique nationale globale de prévention de la délinquance et par l’insuffisance des ressources financières et humaines affectées à la justice pour mineurs. Le Comité se dit une nouvelle fois préoccupé par la législation et la pratique dans ce domaine, qui tendent à favoriser les mesures répressives plutôt que les mesures éducatives, en particulier en ce qui concerne les réformes introduites par la loi no 2007-1198 du 10 août 2007 renforçant la lutte contre la récidive des majeurs et des mineurs et permettant de juger des enfants comme des adultes.” (…) Le Comité engage instamment l’État partie à appliquer pleinement les normes internationales concernant la justice pour mineurs, en particulier les articles 37 b), 40 et 39 de la Convention, ainsi que l’Ensemble de règles minima des Nations Unies concernant l’administration de la justice pour mineurs (Règles de Beijing), les Principes directeurs des Nations Unies pour la prévention de la délinquance juvénile (Principes directeurs de Riyad) et les Règles des Nations Unies pour la protection des mineurs privés de liberté (Règles de La Havane).”
Personnellement, lire que la France est rappelée à l’ordre pour non respect des conventions internationales me met UN PEU mal à l’aise.
“Il est peu de problèmes aussi graves que ceux qui accompagnent la protection de l’enfance, et, parmi eux, ceux qui ont trait au sort de l’enfance traduite en justice. La France n’est pas assez riche d’enfants pour qu’elle ait le droit de négliger tout ce qui peut en faire des êtres sains. La guerre et les désordres d’ordre matériel qu’elle a provoqués ont accru dans des proportions importantes la délinquance juvénile. La question de l’enfance coupable est l’une des plus urgentes de l’époque présente.”
Exposé des motifs de l’ordonnance du 2 février 1945 relative à l’enfance délinquante.