Le rapport avec Robert Grossmann, c’est sans doute que le soldat expérimenté du gaullisme qu’il est, sait que c’est aussi à découvert que l’on prend le plus de coups. Se souvient-il de ses échanges avec Malraux lorsqu’il choisit le titre. Nul ne sait.
Si l’homme sort du bois, il n’en pratique pas la langue. Aiguillé et titillé par un Eric Vial curieux et têtu, Robert Grossmann répond et se dévoile. Ces entretiens sont ainsi à la fois des confessions intimes mais aussi autant l’accouchement d’idées que l’expulsion de souvenirs difficiles d’une mémoire encore à vif : celle de l’entre deux tours et de la défaite des élections municipales.
Si je n’ai été et ne suis pas toujours d’accord sur tous les sujets avec Robert Grossmann, son livre confirme ce que l’on sait : On peut apprécier Robert Grossmann, on peut ne pas l’aimer, on peut passer d’un stade à l’autre, mais l’homme ne laisse jamais indifférent. Mieux il est étonnant. Etonnant parce qu’homme de culture il sait parler à ceux qui aiment cela, Etonnant parce qu’homme de caractère, il est aussi celui à qui l’on aimerait se frotter – fut-ce par plaisir - pour que, des joutes verbales jaillissent des étincelles.
Robert Grossmann se « lâche » ai-je lu dans mon quotidien. Il se lâche où il se libère, telle est plutôt la question que je me suis posée. Ce livre « à mots découverts » n’est il pas avant tout libératoire ? Nécessaire, en tout cas.
On découvre un élu, fier d’un bilan argumenté puis KO, groggy, ne comprenant pas la défaite, humain. Tout semblait parfait et le boxeur se prend un autre coup venu cette fois-ci d'ailleurs. Celles et ceux qui attendent des pages sanglantes liront le livre à leur rythme.
Bien sûr sûr les coups reçus font mal. Tout cela est plus que normal en politique. Mais au-delà de tout cela, ce sont d’autres aspects qui intéressent le lecteur que je suis.
D’abord comprendre le cheminement. Ensuite comprendre le rapport à la culture et celui plus complexe à l’identité, enfin comprendre Robert Grossmann, son analyse du passé. Là, on a l’impression que des vérités lui furent cachées, que la réalité fut camouflée où que l’on ne voulut la voir ou la faire voir.
Voit-on le match de la même façon lorsque l’on est dans les tribunes ou sur le terrain ? Sans doute pas et celui qui se voit « entraineur joueur » le sait sans doute plus que d’autres.
« L'homme ne se construit qu'en poursuivant ce qui le dépasse » écrivait Malraux. Ce livre s’inscrit clairement dans cette démarche. On se reconstruit donc aussi en écrivant.
« A mots découverts » s'achête ici