De la vertu des mains sales

Publié le 25 novembre 2009 par Jpa

La science est parfois contradictoire. Depuis le printemps, les institutions sanitaires répètent à l’envi que la prévention contre la grippe A passe par l’hygiène des mains. Il n’y a plus un WC public où n’a été affiché un tutoriel pour bien utiliser le savon…

Mais selon une étude publiée sur le site internet de Nature medicine un trop fréquent lavage des mains des enfants pourrait s’avérer contre-productif. Les bactéries de la famille des staphylocoques sont présentes en grande quantité au niveau de la peau. Elles sont inoffensives… tant qu’elles ne viennent pas s’immiscer trop profondément dans le corps, et notamment dans les blessures.

Or le savon et les solutions hydroalcooliques ne font pas de quartier. Les bactéries ne résistent guère à ce grand ménage du derme. C’est précisemment le but…

Selon les chercheurs de l’école de médecine de San Diego, emmenés par le docteur Richard Gallo, certains staphylocoques jouent un rôle décisif dans la prévention des inflammations de la peau. Elles bloqueraient une des nombreuses étapes qui mènent à l’une de ces inflammations.

L’effet des bactéries est en fait indirect. Elles produisent de l’acide lipotéichoique (LTA) qui agit sur les keratinocytes, cellules qui constituent la majeur partie de l’épiderme. Le LTA empêcherait les kératinocytes de déclencher une réponse immunitaire, et donc une inflammation. En d’autres termes, cette bactérie qui nous veut du bien empêche le système immunitaire de s’emballer pour trois fois rien.

Cette découverte va dans le sens des partisans de l’“hygiene hypothesis”. Selon cette hypothèse, une trop faible exposition des enfants aux bactéries et consorts empêcherait leur système immunitaire de se développer normalement. Cette hypothèse expliquerait l’augmentation constante des allergies en Occident.

Photo : image extraite de Etre et avoirde Nicolas Philibert