le "Yaaral"

Un article qui nous ramène un peu à la réalité

http://www.essor.gov.ml/jour/cgi-bin/view_article.pl?id=24146

      Evénement spectaculaire et porteur de valeurs, le "Yaaral" marque le retour de transhumance des troupeaux

Après un séjour long de plus de six mois, les troupeaux partis dans le Sahel en quête de pâturages, reviennent dans les bourgoutières. Cette pratique pastorale et culturelle s'appelle dans le Macina "Yaaral", et marque le retour de transhumance des animaux et la traversée du fleuve Diaka à Diafarabé. Ce retour qui est un moment de retrouvailles et de joie intense donne toujours lieu à une fête grandiose qui réunit de nombreuses communautés. Les origines de cette coutume remontent à 1818, au règne de Sékou Amadou. Ce roi du Macina a institué la pratique avant de la réglementer en 1821. Ainsi la montée, la descente, les gîtes d'étapes et les pistes de transhumance ont été réorganisés.
Le "Yaaral" a été instauré par le souverain et chef religieux pour d’excellentes raisons. Il permet aux troupeaux de bovins de bénéficier de deux espaces écologiques complémentaires : les terres arides du Sahel et les plaines inondables du bassin intérieur du Niger. Il facilite la cohésion entre les éleveurs peuls et les agriculteurs sédentaires. Les animaux étant absents pendant l'hivernage, les cultures des sédentaires ne risquent pas d'être piétinées et broutées par les troupeaux. La gestion de l'espace pastoral a toujours été une des préoccupations majeures à la fois des autorités et des éleveurs dans notre pays, rappellera dans son allocution, le ministre de l'Élevage et de la Pêche et marraine de l'événement. Mme Diallo Madeleine Bâ a salué le courage des bergers qui bravent toutes sortes d'adversités pour revenir avec des troupeaux à l’embonpoint remarquable.
Le spectacle commence aussitôt après le signal du Dioro, le chef des éleveurs. Le premier troupeau sur la berge opposée du fleuve Diaka, se jette à l'eau, marquant ainsi le début de l'accès des troupeaux aux bourgoutières du Delta intérieur du Niger. Les autres troupeaux emboîtent le pas aux premiers avec comme destination la terre ferme de Diafarabé située de l’autre côté du fleuve. Après la traversée, N'dougou Amirou sera élu « meilleur berger » de l’exercice par un jury composé de vieux bergers et de membres de la coopérative des éleveurs. Le vainqueur a reçu une enveloppe offerte par le député de Tenenkou, Timoré Toulanta.
Cet événement pastoral et hautement culturel renferme plusieurs vertus. C’est notamment une occasion de réactualiser des pactes intercommunautaires, soulignera Lamine Djiré, le maire de Diafarabé.
Le "Yaaral" 2009 qui s'est déroulé samedi, n'a pas dérogé à la règle. Le ministre Diallo Madeleine Bâ a invité à ce propos les éleveurs au respect scrupuleux des résolutions et des recommandations de la conférence régionale sur les bourgoutières. Elle exhortera également ses interlocuteurs à adopter les actions de modernisation de l'élevage élaborées par le département de tutelle en relation avec ses partenaires techniques et financiers comme le Programme d'appui au secteur agricole (PASAM), l'Autorité du bassin du Niger (ABN) et le Programme de compétitivité et de diversification agricole (PCDA).
Cette 191è traversée de Diafarabé, comme les précédentes, fut une occasion de renouer les amitiés, sceller et renforcer la cohésion sociale. Rien que pour ces vertus "Yaaral" mérite d'être protégé et préservé.
Il faut rappeler que le Yaaral et le Deggal (sortie des troupeaux à Dialloubé sans traversée de fleuve) figurent dans le patrimoine immatériel de l'humanité de l'UNESCO.
De nombreuses personnalités étaient présentes samedi à Diafarabé parmi lesquelles le ministre de l'Artisanat et du Tourisme, N'Diaye Ba, le gouverneur de Mopti, Abdoulaye Mamadou Diarra, le représentant de la FAO au Mali, Mme Mariam Mahamat Nour et l'ambassadeur du Sénégal, Mme Saoudatou N'Diaye Seck.

Nouhoum TRAORÉ