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Algérie: Ils racontent leur calvaire au Caire

Publié le 25 novembre 2009 par Adel Miliani

À leur arrivée à l’aéroport Houari Boumediène

Algérie: Ils racontent leur calvaire au Caire
C’est la délivrance pour ces dizaines d’étudiants algériens résidant en Égypte. Terrorisés par la haine de l’Algérien qui s’est déchaînée au pays des pharaons, ils sont contraints de retourner au pays. A l’aéroport du Caire, ils subissent les pires humiliations. Il est 21h 30 lorsque le Boeing d’Air Algérie, en provenance du Caire, atterrit à l’aéroport international d’Alger. Tous les passagers, une centaine, en majorité des étudiants, ont fui dans la précipitation l’Egypte. Certains, dès leur arrivée, éclatent en sanglots, d’autres encore sous le choc se murent dans un silence éloquent. Tous ont subi les pires humiliations à l’aéroport du Caire, juste parce qu’ils sont Algériens. Les hommes sont déshabillés et laissés debout pendant de longues minutes, les femmes « tripotées » à plusieurs reprises et leurs sacs vidés par des policiers en rage de l’Algérien et les bagages abandonnés sur le tarmac obligeant les passagers à les transporter jusqu’à la soute.

Aucune distinction entre les femmes, les enfants ou les familles des diplomates, censées jouir de l’immunité. Des récits choquants et désolants qui donnent froid dans le dos et suscitent de l’inquiétude pour ceux qui sont encore bloqués dans de nombreuses villes égyptiennes et n’ont pas eu la chance de trouver une place sur les vols d’Air Algérie. Aïcha est étudiante en droit. Elle prépare depuis deux ans un magister en droit international au Caire. Elle jure de ne plus retourner là où elle pensait être chez elle. « Ils jurent tous de tabasser tout Algérien qu’ils trouveront sur leur route. J’étais au marché lorsqu’un groupe d’Egyptiens m’a interpellée. Je me suis enfuie la première fois. La seconde fois, j’étais avec une amie dans un salon de thé et le serveur m’a chassée des lieux. Le propriétaire du magasin d’à côté qui me considérait comme une bonne cliente est venu me dire de ne plus remettre les pieds chez lui, en me menaçant de mort. La propriétaire de la maison que je louais est venue me dire après deux années d’une relation plus qu’amicale, de lui remettre les clés. La haine de l’Algérien s’est vite répandue. J’avais peur de parler et d’être reconnue à mon accent. Je ne pouvais plus vivre dans un tel climat », dit-elle, les larmes aux yeux. Malika est dans la même situation. La gorge nouée, cette étudiante du centre de recherche et d’étude arabe raconte comment après le cauchemar qu’elle a vécu depuis le premier match au Caire, les humiliations se sont poursuivies à l’aéroport. « Ils nous ont parqué dans une salle et laissé pendant des heures, avant de procéder à deux reprises à une fouille corporelle. Aucun respect pour les femmes et les enfants. Ils nous parlaient avec haine. Mon sac a été vidé et même les tubes de dentifrice et de fond de teint. Ils m’ont pris mon parfum et mon déodorant et je passe sur les réflexions déplacées qu’ils nous lançaient. Ils voulaient à tout prix exprimer leur haine à notre égard », raconte Malika, avant de conclure : « Jamais je ne retournerai là-bas même s’ils me coupent les jambes. » Saïda fait partie d’un groupe d’une dizaine d’Algériens envoyés pour un stage de formation d’un mois. Selon elle, les vexations ont commencé dès le premier match joué au Caire, le 14 novembre. « Nous sommes arrivés le 2 novembre au Caire et tout s’est bien passé. Nous étions très bien considérés jusqu’à ce match du 14 novembre. Depuis, nous étions escortés à chaque fois par la police du tourisme. La situation s’est aggravée au point où notre escorte nous a déconseillé de parler ou de nous déplacer seuls. C’était invivable. Nous n’étions en sécurité nulle part. Nous ne pouvions pas continuer à suivre notre formation dans de telles conditions », souligne-t-elle. Samer est un médecin syrien, qui vit en Algérie et qui était en déplacement en Egypte, est la victime collatérale. Tout comme les Algériens, il dit avoir été humilié à l’aéroport du Caire, tout juste parce qu’il prenait le vol d’Air Algérie. « Ils m’ont fouillé à deux reprises avec la manière la plus indigne. Je ne pouvais supporter cet affront. Je me suis senti comme un délinquant. J’étais tellement en colère qu’une fois entré dans la salle d’embarquement j’ai crié de toutes mes forces, One two three viva l’Algérie, juste pour les narguer. » Ahmed est avec sa femme et ses deux enfants. Il rentre définitivement après un séjour de plusieurs années en Egypte. Il travaillait dans une compagnie pétrolière. Son contrat est arrivé à terme, mais il a refusé de le reconduire. Le climat, dit-il, n’est plus le même. Il est devenu dangereux pour les Algériens. Sa femme raconte son calvaire dans les marchés, les rues, les magasins et même dans l’immeuble où elle dit avoir vécu de bons moments avec ses voisins, devenus aujourd’hui ses pires ennemis.
Depuis le match du Caire, c’est la chasse a l’Algérien…Lire la suite



Par Salima Tlemçani/El Watan

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