Pas un de ces coins où les cancres finissaient la classe, un bonnet d'âne sur la tête (pauvres ânes !), mais un de ces coings, avec G (pas le fameux "facteur G" des psychologues, essence même de l'intelligence humaine... ça se saurait, ou... on s'en serait aperçu !) Un de ces coings ronds et jouflus, dorés et veloutés, parfumés au miel, au sainfoin et à la noisette tout ensemble, un vrai, un beau, un bel et bon coing ! Jugez plutôt :
Il était une fois un écrivain, cuisinier d'opérette, qui se prenait de temps en temps pour... un confiturier (pas le meuble si recherché par les antiquitaires de tout le royaume et d'ailleurs, mais celui qui fabrique des confitures !). Ses crises renaissaient chaque année, régulières comme les mots si doux du ministère des Finances : au printemps avec les fraises, puis à la charnière printemps-été avec les cerises et les brimbelles (mot de notre identité régionale pour désigner les myrtilles sauvages, n'est-ce pas Monsieur Besson ?), puis au plein coeur d'août avec les mirabelles, puis dans les premières rousseurs d'automne avec les mûres, puis, sur le seuil de l'hiver, avec... les coings ronds et jouflus, dorés et velout... (bon ! ça va ! je crois l'avoir déjà écrit...). Donc... un cuisinier d'opérette qui s'était lancé le défi de réussir une bonne gelée de coing !
Retour à la maison de l'écrivain-cuisinier d'opérette-confiturier d'occasion. Carmen avait dégluti son toréador, les chats avaient envie d'aller voir dehors si les souris y dansaient, le soleil avait pâli (comme moi !), les coings étaient toujours sur la table. Alors, conscient qu'il faut toujours aller jusqu'au bout de ses entreprises ("Chaque pas doit être un but !" a écrit le philosophe Jacques Chirac), je réempoignai le fruit rond et jouflu, adoptai une autre technique coupatoire, et achevai ma tâche. Une heure plus tard, coings, coings et coings (je n'avais pourtant pas envie de danser cette danse des connards) étaient devenus... gelée ! Une gelée dorée, parfumée au miel, au sainfoin et à la noisette tout ensemble, gelée que, remuant les doigts en réveillance (l'anesthésie avait été sérieuse) dans leur gangue de gaze, ouate et bandages, afin de m'assurer, une fois encore, qu'ils fonctionnaient bien, j'admirais (oui, gelée que j'admirais !) dans la sombre clarté d'un contre-jour déjà fortement entamé par la nuit tombante. Dorée... jugez un peu :
images : coing, ma main, pot de gelée photos GL 25 11 09