Des illustrations (2) - l'accouplement en milieu clos

Publié le 24 novembre 2009 par Isaac_paris

« Yahvé dit à Noé : Entre dans l'arche, toi et toute ta famille, car je t'ai vu seul juste à mes yeux parmi cette génération. ». La bible dit qu’ils sont restés un peu plus d’un an dans l’arche, inquiets de l’avenir, témoins muets de l’anéantissement de toute vie sur terre. Leurs regards sont inquiets au travers des ouvertures de l’arche. Est ce l’étendue d’eau qu’ils regardent avec crainte ? le corps inanimé qui flotte à la surface de l’eau ? Est ce la terre sous l’eau qu’ils cherchent des yeux ? Est ce l’espoir de vie qu’ils guettent ?
Un ami nous faisait remarquer dernièrement qu’ils sont restés un peu plus d’un an dans l’arche, et en sortent comme ils y sont entrés : Noé, ses fils, sa femme et les femmes de ses fils. Ils n’ont pas donné naissance à de nouveaux fils et filles. Les fils de Noé d’un côté et leurs femmes de l’autre, comme pour mieux marquer la séparation. Est ce le désespoir que nous lisons dans leurs yeux ?
Leurs visages muets à l’image de leur vie muette en milieu clos. Stérile, elle ne sert à rien, elle n’aboutit à rien. Chaque vie est préservée mais ne donne pas de nouvelle vie dans l’arche. Figée. Dans l’attente. Suspendue.
La main de Noé est tendue à l’extérieur de l’arche vers la colombe qui annonce la baisse des eaux. Comme échappée de l’intérieur infertile. Symbole d’espoir, de mouvement. Lien poétique entre l'homme isolé et la terre qui l'accueille. L'homme ôté de la nature. La lecture d'Yvon Quiniou sur le matérialisme de Karl Marx raisonne superbement dans ces illustrations "L'homme, par conséquent, est bien un être naturel, mais c'est un "être naturel humain", capable de penser et de transformer la nature dont il dépend et, surtout, acteur d'une histoire à travers laquelle il se fait : celle-ci est son lieu ou son acte d'"engendrement", la véritable histoire naturelle de l'homme".
« Noé sortit avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils ». Hors de l’arche, de l’attente, du silence. Rassurés par la promesse divine de ne plus détruire toute chair, ils donneront naissance à une nouvelle création.
df.