Je suis gêné.
Gêné par l'enthousiasme qu'Olympe ressent face aux thèses développées par Françoise Héritier* qu'elle considère "rafraîchissantes".
Gêné par ce que suggère cette théorie socio-biologiste qui renvoit à une espèce d'inconscience collective masculine cherchant à asservir la femme comme animée de mauvaise intention.
Gêné que l'on s'enferme dans un débat sur la génétique dont on connaît les relents nauséabonds.
Gêné que la seule réponse que l'on puisse opposé au schéma réducteur et séculaire de la femme réceptacle soit de brandir une violence sous-jacente d'une femme prédatrice qui n'aurait nul besoin de l'homme pour procréer ou pour vivre.
Gêné que la misogynie de nos aïeux débouche aujourd'hui chez certains sur une forme de misandrie.
Gêné qu'on ne sache pas s'affranchir de la dimension animale des relations entre les deux sexes afin de réfléchir rationnellement à la recherche d'une meilleure égalité aujourd'hui.
Gêné que l'amour, les sentiments, la famille soient évincés d'un débat portant notamment sur la procréation.
Gêné que vraisemblablement certains ne sont prêts à aborder la question de la domination historique de l'homme sur la femme que par le prisme masculin lorsque un tel débat ne saurait y être réduit.
Gêné qu'encore une fois, dans un manichéisme malvenu, on ne sache pas simplement voir ce qui nous rapproche et que l'on s'attèle encore une fois à ce qui nous distingue.
Gêné que l'on puisse suggérer qu'un sexe soit le parasite de l'autre.
Oui, je suis gêné.
Je préfère encore me dire que nous sommes une grande communauté humaine et qu'il y a bien des choses qui transcendent l'homme ou la femme, de ces choses comme l'Amour, qui font qu'hommes et femmes devraient être traitées avec respect et équité, indifféremment de son sexe, ses croyances, sa couleur de peau ou sa culture.
Ce n'est pas en stigmatisant une catégorie de la population que l'on permettra d'instaurer ce respect mutuel.
* ou du moins de la compréhension qu'elle en a dans la mesure où elle rapproche ses théories des développements de Tatiana Giraud et Pierre-Henri Gouyon