Cela doit bien faire quatre ou cinq ans que j'assiste sur les médias télévisés français à l'apparition fréquente d'un personnage dont le nom ne peut qu'amuser l'auditeur tant on ne peut faire plus "musulman" en apparence.
On connaît désormais plutôt bien maintenant le faciès du sieur Tariq Ramadan. On sait aussi qu'il nous a été présenté comme le représentant et le théoricien d'un islam pacifié.
Ce que l'on ne sait pas, c'est ce qu'il est vraiment. En tous cas, certains éléments troublant viennent entâcher la crédibilité du personnage vu de l'extérieur.
Aussi, depuis quelques temps, Caroline Fourest a-t-elle décidé de mener une croisade, à la dimension toute personnelle, contre celui-ci, convaincue après avoir étudié et lu le Frère Tariq, que celui-ci tient un double discours.
Personnellement, j'avoue avoir toujours prêté une oreille attentive aux interventions de Tariq Ramadan.
Pourquoi? Car ce qui est certain, c'est qu'il s'agit d'un symbole.
Le symbole de cette volonté qu'a l'Occident de trouver un interlocuteur crédible prônant un Islam apaisé et qui puisse être le vecteur d'une paix sociale retrouvée.
Le symbole des stigmatisations autour de la crainte de l'islamisme et partant, le symbole du spectre de l'islamophobie.
Oui, car je ne sais toujours pas aujourd'hui si Tariq Ramadan tient effectivement un double discours. Un discours qui d'un côté flatterait l'auditoire de tradition judéo-chrétienne, de l'autre, un message de confiance à destination des radicaux islamistes. Bref, "s’agit-il d’un intellectuel prônant un islam libéral et moderne ou d’un prédicateur islamiste simplement poli et habile ?"
Je ne sais effectivement pas où il se situe.
Je ne l'ai pas lu, pas plus que je n'ai lu Caroline Fourest.
Je me contente des interventions télévisées auxquelles j'ai pu assister (bien qu'elles soient insuffisantes).
A priori, j'éprouvais une certaine sympathie à l'égard de Tariq Ramadan dans la mesure où il s'agissait pour moi du premier intellectuel musulman connu en Occident dont le message semblait pacifique au premier abord.
Mais depuis, le message s'est brouillé parasité par des événéments et des contradicteurs zélés.
Dès lors, je m'interroge.
Y a-t-il ou n'y a-t-il pas de double discours?
Si oui, comme se fait-il qu'il ait toujours une crédibilité auprès de deux catégories de population?
En effet, d'aucun craignent que nous ne soyons manipulés alors que la menace islamiste pénétrerait de l'intérieur mais ce serait oublier que ce double discours serait entendu par les prétendus amis islamistes. Ne devraient-ils pas offensés que Tariq Ramadan condamne publiquement les déviances de gouvernements radicaux tels que celui à la tête de l'Iran?
Le moins que l'on puisse dire est que l'aura de ce personnage est sulfureuse: immédiatement, on a su qu'il est effectivement parenté à Hassan Al-Banna, le fondateur des Frères Musulmans, organisation islamiste. On lui reproche aussi de prétendre prôner un islamisme libéral tout en cautionnant la polygamie.
Certains en outre, ne lui pardonnent pas sa faiblesse face aux violences faites aux femmes, violences légalisées dans certains pays contre lesquels ils revendiquent l'instauration d'un "moratoire".
Tariq Ramadan est peut-être habile. C'est possible. Il est aussi possible que ce double discours soit nécessaire pour ne pas prendre de front un islam disparate et sous influence de groupuscules islamistes.
Mais il est tout aussi possible que sous couvert de lutter contre l'extrêmisme islamique, ce soit en fait contre toute forme de religion que l'on se batte.
Certains aimeraient que les religions du Livre prônent un message de totale liberté, de désinhibition. Je suspecte même que ceux-là aimeraient que les religions cautionnent des tendances à l'égoïsme et à la recherche du plaisir afin de les déculpabiliser.
J'espère qu'il ne s'agit pas de cela.
Le plus difficile dans tout cela est que lorsque je lis Caroline Fourest ou que j'écoute Tariq Ramadan, j'ai tendance à être d'accord avec les deux.
Tariq Ramadan, je prie pour que vous soyez effectivement le représentant d'un islam apaisé et qui prône l'Amour avant tout.
Pour être tout à fait honnête avec vous, je préfère notre Dieu est Amour à votre Dieu est Grand.
Mais si nous nous retrouvions sur ce message de paix, j'en serais le premier satisfait.