C’est un hommage à la femme, c’est ce coureur de monsieur Mouret s’inclinant devant la grâce. C’est ce rustre de Butler capitulant devant la garce. C’est une arme absolue dans la main de ces femmes, pas si frêles, pas si cruches, qui ont fait ramper les plus grands. Regardez leurs silhouettes, leurs corps si fiers, corsetés, sublimés.
Car sous les tonnes de tissus, sous les jupons les mantilles, les camisoles et les chemises se trouve le graal. Sa majesté le corset, objet précieux, ultime symbole de la féminité galbe les corps, affine les courbes et défie les lois de l’apesanteur. Finis les seins qui tombent, les tailles épaisses, le ventre ballonné. C’est l’ancêtre de Photoshop, des push up, des crèmes minceurs ! Quel miracle ! Un miracle douloureux certes. Frustrant absolument… une arnaque diront même certains, déçus peut-être devant la transformation de leur moitié enfin dénudée.
J’ai valsé dans la salle de balle d’un château, minaudé dans ses jardins, gloussé dans les boudoirs, médits, critiqué dernière mon éventail. La belle vie me direz-vous ! Soit ! Et pourtant… quel exploit pour une minette comme moi !
M’assoir ? Non merci mon cher, ma rate risquerait d’exploser.
Manger ? Sans façon, j’ai déjà grignoté une demi cahuette, je suis rassasiée.
Boire ? Du bout des lèvres. Seul avantage de ce nouvel anneau gastrique.
Danser ? Oui mais alors une valse alors, la tête me tourne déjà…
D’ailleurs rien que d’y repenser, j’hyperventile, je redeviens claustrophobe, mon cœur palpite mon cœur s’emballe. Je me sens défaillir.. Vite mon brave… les sels …
Barbara Gourde n’a pas l’habitude d’être ainsi entravée !