Dans la même lignée que la question précédemment posée, il s’agit ici de savoir :
“Lorsqu’une personne bègue parle sans bégayer, les zones du cerveau “activées” sont-elles les mêmes que pour une personne non bègue ?”
Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel :
De ce fait, non (voir les travaux de Braun, De Nil, Foundas). Il y a un plus grand éparpillement des zones activées. Il est intéressant de constater que ceci change après rééducation (Neumann), ce qui montre que cela sert quand même à quelque chose (mais comment, on ne sait pas encore exactement).
De plus les Chinois ont montré récemment que les réseaux de neurones activés lors de la parole bégayée étaient plus larges et plus diffus, avec des oscillations d’amplitude plus grandes. Ces réseaux se créent et s’activent dans de nombreuses tâches du cerveau. Si je parle, je mobilise du contenu, des souvenirs, des images, des formes, du langage, des unités motrices, etc. Tout cela se met en réseau pour produire ce que je souhaite produire. Le cerveau des personnes bègues ressemble alors à ces funambules qui tout d’un coup sont au bord du faux-pas : avec son balancier, le funambule compense le déséquilibre pressenti et par ses oscillations remet l’ensemble dans un équilibre plus stable. C’est fascinant de voir comment le cerveau compense lui-même ses propres dérapages.