Où est la place de la psychothérapie dans une traitement du bégaiement ? Se suffit-elle à elle-même ou est-elle complémentaire d’une prise en charge orthophonique ? La question est formulée différemment par cet internaute auquel le Dr Monfrais-Pfauwadel répond :
“Lorsqu’un bègue, adulte ou enfant, consulte pour un bégaiement sans déficit linguistique manifeste et qu’une prise en charge psychothérapique est déjà en place, la rééducation orthophonique a-t-elle sa place ?”
Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel :
Au contraire, il serait temps qu’elle ait enfin sa place, la prise en charge orthophonique, si elle est prodiguée par un praticien spécialisé. La rééducation, dans les cas que vous choisissez, n’est pas un « ou bien, ou bien », mais un « et puis, et puis etc.. ». De plus chez l’adulte, il y aura à prendre aussi en charge ce que le bégaiement aura fait à la personne bègue, c’est-à-dire les attitudes réactionnelles handicapantes. L’approche « que » psychothérapique n’est pas suffisante – cela se saurait depuis longtemps. Le bégaiement n’est pas psychogène de nature, mais son retentissement sur la vie de relation doit être tout autant pris en charge que ses aspects moteurs, et réciproquement. Le bégaiement atteint tout autant la relation à autrui que la relation à soi-même, et cela multiplie par deux la tâche.
Un thérapeute suffisamment bien formé aux thérapies du bégaiement sera d’ailleurs versé dans l’utilisation des thérapies comportementales, des thérapies familiales et dans les techniques de groupe et pourra proposer et utiliser toute une palette de techniques. Il existe des binômes orthophonistes –psychothérapeutes….et qui peuvent « fonctionner », tant que l’un n’est pas la béquille de l’autre. Mais dans un enseignement vraiment dédié au bégaiement, la formation inclut toutes ces approches. Le thérapeute est formé à être une équipe multidisciplinaire à lui tout seul.
Et puis, pensons à la psychothérapie. Si c’est une cure fondée sur la parole…encore faut-il que la personne bègue ait les moyens techniques, les « instruments de la fluence » pour la prendre, cette parole.
Une prise en charge de bégaiement, chez l’adulte surtout, mais chez l’enfant aussi ne peut être univoque, simpliste. C’est pour cela qu’il y a si peu de spécialistes (entre autres raisons).