“Nous voyons aujourd’hui que le traitement du bégaiement, chez l’adulte notamment, se tourne de plus en plus vers la psychologie (thérapie cognitivo-comportementale), voire même vers la médication (pagoclone). Dans ce contexte, est-il toujours légitime de laisser les personnes bègues entre les mains d’orthophonistes non formés pour soigner un adulte bègue et ne pouvant pas prescrire de médicaments ? Et à l’avenir, le traitement du bégaiement ressemblera de moins en moins au traitement d’un trouble de la parole classique ? Les orthophonistes pourront-elles longtemps garder la main sur cette patientèle de bègues ?”
Marie-Claude Monfrais-Pfauwadel :
Vous posez beaucoup de questions d’un seul coup. Je résumerai en une seule question : quel est l’avenir de la prise en charge du bégaiement ?
L’avenir ne va pas dépendre que des moyens. Il va dépendre avant tout du dépistage et de l’exhaustivité du bilan de départ. Toute démarche thérapeutique ne va pas à tout le monde. Et il y a des temps dans une thérapie. Chacun aura sa place, à redéfinir, en son temps.
Mais qui décide de ce temps, de cet ordonnancement optimal ? C’est là que je pense que le médecin phoniatre trouve toute sa spécificité – et c’est ce dont je m’efforce de convaincre mes collègues : nous sommes des diagnosticiens, des prescripteurs, des rééducateurs et des experts de la communication, avec une vision globale de la personne acquise par nos études et notre expérience.
Les orthophonistes n’ont pas à avoir « la main » sur une patientèle… ils sont là pour mettre en œuvre une des solutions possibles, en sachant référer en retour, et en ne faisant pas perdre aux patients des chances par rapport à d’autres traitements médicaux.