c’est ainsi que les internautes, dans une grande majorité, définissent Toni Musulin, le braqueur aux 11M d’euros. C’est oublier un peu vite qu’il ne s’agit que d’un voleur. Plus dangereux, c’est également reconnaître que son acte n’est, après tout, pas bien
grave et que seules les banques en font les frais.
C’est oublier un peu vite que cet argent n’appartient pas aux banques mais à de simples citoyens ou entreprises. Et si Toni Musulin n’est pas à classer parmi les voleurs courants, il reste un truand. Ce, quel que soit son modus operandi.
La Police a retrouvé 9M et il en manque un peu plus de 2. Cette même police estime qu’il avait caché là l’argent qu’il ne pouvait transporter et qu’il avait sans doute prévu de revenir sur place dès qu’il en aurait eu l’occasion. Ce n’est pas sûr. Au contraire, il se pourrait bien que l’individu ait pris ce qu’il considérait comme suffisant. Seul le fait d’être au volant du camion blindé a fait qu’il s’est envolé avec la totalité des fonds transférés. C’est une hypothèse qui en vaut bien une autre.
Le « nouveau Robin des Bois » n’a rien du héros légendaire qui a fait la une de son époque et qui a été immortalisé sur grand écran. Est-il utile de rappeler que Robin de Sherwood pillait les grands de ce monde pour redistribuer aux plus démunis? Il faut croire.
De nombreux sites se sont ouverts et sur Facebook, il se trouve même des clubs à la gloire de ce voleur. Mais où va-t-on? La liberté d’expression est une chose, celle de dire n’importe quoi en est une autre. Des tee-shirts à l’effigie de Toni Musulin sont en vente, il devra sans doute intenter un procès à ceux qui en ont pris l’initiative, histoire de leur faire comprendre que le droit à l’image n’est pas un droit qui se vole et qu’il aurait fallu son autorisation. Ce serait le bouquet.
Le vol est un délit condamnable et condamné. Il n’y a pas de voleur « propre » dans ce cas. Le fait qu’il n’y ait pas eu de sang est-il suffisant pour encenser un individu au passé trouble?
La Police a agi avec rapidité en utilisant un fondamental que l’on oublie souvent: L’enquête de voisinage. Interpol est sur le coup et Toni Musulin est en cavale. Il sera repéré. La seule question aujourd’hui qui devrait se poser c’est juste de savoir si, là où il se trouve, une convention y lie la France qui devra demander, s’il est à l’étranger, son extradition. S’il est en France, ce dont on peut douter, il tombera, c’est une question de temps.
Toni Musulin n’est pas Albert Spaggiari qui avait dérobé un peu plus de 24M d’euros en son temps et l’époque n’est plus la même. Albert Spaggiari, incarné à l’écran par Jean-Paul Rouve, avait sa philosophie, inscrite sur le mur des égoûts de Nice. Toni Musulin n’en a aucune. Si Spaggiari était un personnage de roman, ce n’est pas le cas de Toni Musulin. Ce qui a fait d’Albert Spaggiari une « légende » c’est au-delà de sa médiatisation, le fait que celle-ci était de son chef. C’est lui qui a mis en oeuvre toute la médiatisation autour de l’affaire « Spaggiari ». De l’Etranger qui plus est. Ce ne sera pas le cas de Toni Musulin. Spaggiari reste aussi un voleur.
On peut considérer que le fait d »‘avoir fait la nique aux banques et à la Police est plaisant mais il y a des limites. Même s‘il a toujours été amusant de voir « Guignol » s’en prendre au « Gendarme », on a le droit de considérer que certaines valeurs se sont perdues et qu’il serait bien inspiré de remettre une certaine morale au goût du jour. Le seul point commun entre Guignol et Toni Musulin restera Lyon.
Que ceux qui encensent aujourd’hui ce voleur ne s’en prennent qu’à eux-mêmes le jour ou rentrant à leur domicile, celui-ci aura reçu la visite d’un cambrioleur qui là aussi sans haine ni violence ni sang les aura délestés de leurs biens. Nul doute alors qu’ils réagiront différemment.