La boulimie énergétique de nos sociétés de consommation n'en finit pas de stimuler la recherche de nouvelles sources d'énergie. On parle beaucoup d'énergies renouvelables, mais les colossales réserves d'hydrates de méthane, évitées jusqu'à alors, sont de plus en plus convoitées comme en témoignent les premiers investissements chinois, sur terre et maintenant sur mer.
Les hydrates de méthane
Les hydrates de méthane, clathrates ou encore "glace combustible" sont des structures solides, stables, ressemblant à de la glace dans laquelle est piégé du méthane issu de la décomposition de matières organiques. En fondant, un clathrate libère à la fois de l'eau et du méthane qui peut s'enflammer.
Découvertes dans les années 70 lors de forages pétroliers, les réserves d'hydrates de méthane ont toujours été évitées pour des raisons de sécurité : elles sont inflammables et capables de couler un navire foreur avec l'émission de gaz qui modifient la densité de l'eau environnante.
Cependant, leur potentiel énergétique face à la crise de l'énergie a changé la donne. En effet, un mètre cube de clathrates peut contenir jusqu'à 165 mètres cubes de méthane. De plus, les réserves estimées sont colossales : plus du double des réserves de gaz, de charbon et de pétrole réunies ! Si l'exploitation est difficile, le contexte justifie dorénavant l'intérêt des grands pays consommateurs d'énergie.
La Chine : troisième pays à exploiter des gisements terrestres d'hydrate de méthane
C'est pourquoi, plusieurs pays se sont lancés dans la prospection puis l'exploitation des hydrates de méthane. C'est le cas de la Chine qui a annoncé qu'en décembre 2008, elle avait réussi à extraire de la glace combustible du permafrost présent sur la face sud des monts Qilian qui s'étendent sur la province du Qinghai et du Gansu. La Chine est ainsi devenue le premier pays à collecter de l'hydrate de méthane dans le permafrost de la toundra à des latitudes basses ou moyennes.
Le 20 octobre 2009, le vice-ministre du Territoire et des Ressources, Wang Min, a déclaré "que la Chine avait investi de janvier à août 2009 quelques 44 milliards d'euros dans le secteur minier, soit une augmentation de 19% par rapport à l'an passé", rapporte Radio Chine Internationale. Ces investissements ont notamment permis d'exploiter les hydrates de méthane de la province du Qinghai.
Derrière le Canada et les Etats-Unis, la Chine est dorénavant le troisième pays à extraire des clathrates à partir de gisements terrestres.
La prospection se poursuit maintenant en mer
Le premier navire chinois d'exploration pour la reconnaissance d'hydrates de méthane a été livré dimanche 18 octobre 2009 dans la province du Guangdong (province côtière du sud de la Chine dont la capitale est Canton).
"Wang Xuelong, directeur adjoint du Bureau de recherches géologiques de Chine, a remis le certificat de navigabilité au navire dénommé Océan No.6, au Bureau de recherches géologiques marines de Guangzhou (Canton), qui mène les recherches d'hydrates de méthane en mer de Chine méridionale", selon l'agence de presse Xinhua.
Le navire, développé indépendamment par la Chine, pour un coût de 40 millions d'euros a un tonnage de 4 600 tonnes et une autonomie de 15 000 miles nautiques. Il est équipé d'installations de recherche sous-marine contrôlées à distance et d'autres appareils de haute technologie, a indiqué M. Wang. La Chine avait annoncé en 2007 qu'elle avait prélevé avec succès ses premiers échantillons de "glace combustible" en mer de Chine méridionale, faisant d'elle le quatrième pays après les Etats-Unis, le Japon et l'Inde à réussir dans ce domaine.
Un risque majeur pour l'aggravation de l'effet de serre
L'exploitation de cette source d'énergie n'est pas sans risque puisque le méthane est un puissant gaz à effet de serre, qui contribue au réchauffement climatique en cours. Ainsi, il y a 3 000 fois plus de méthane contenu dans les clathrates que dans l'atmosphère. Leur
émission inconsidérée dans l'atmosphère accentuerait significativement l'effet de serre comme en témoigneraient certains événements similaires du passé de la Terre qui inquiètent les
scientifiques.
tiré de notre planéte info