La Mal-née - Christine Lavant - Traduit de l’Allemand par François Mathieu - Editions Lignes
Les personnages de ce roman sont peu nombreux et vous ne les oublierez pas.
Wrga, la mère, elle représente la cohorte des enfants maltraités, des femmes violentées et ensuite montrées du doigt, elle a fauté : elle doit être punie. L’enfant du pêché porte un nom qui la désigne comme bâtarde, Zitha, et parce le Dieu de cette communauté est un Dieu de vengeance l’enfant est mal-née, petit être sans défense, innocente et sans voix.
Comment prendre soin de cette enfant ? Wrga aime sa fille mais elle est parfois prête à écouter les conseils pleins de haine de Lenz son prétendant.
Dans ce monde fruste, Lenz c’est celui qui croit aux mauvais esprits, aux légendes carinthiennes où le diable vient prendre une enfant saine et pose "un petit changeon" à la place.
Zitha a une vie merveilleuse nous dit Christine Lavant car "Il n’y avait personne pour la battre (...) non personne ne la battait, personne ne lui donnait de coup de pied et elle pouvait tournailler toute la journée où bon lui semblait sans que personne remarquât son absence" Elle vit, sous la table de la cuisine, dans l’étable où elle cache son trésor "une vieille petite boite à poivre". Elle se mêle aux enfants du village, elle est leur jouet car les enfants sont cruels. Ils la protègent néanmoins et l’appellent « la mouflette ». Eux seuls savent que la mal-née parle, qu’elle prononce quelques mots
Lenz est le maître et Wrga devenue sa compagne subie à nouveau la violence de l’homme "Est-ce que tu mets ton changeon à la porte ou est-ce que tu veux encore une rossée ?" Le malheur va s’abattre sur eux tous.
C’est sur le blog De bloomsbury en passant par Court Green que j’ai découvert Christine Lavant.
J’ai été happée par ce récit d’une douleur extrême, c’est à la fois d’une grande émotion et d’une dureté féroce. Le portrait de cette enfant, la peinture d’une société rurale en proie aux superstitions, à la haine, au poids de la religion, sont magnifiques.
Dans la préface, François Mathieu le traducteur qui donne ici une très belle traduction, dit de Christine Lavant qu’elle est la « Pionnière du roman autrichien moderne ». Il semble que la vie décrite dans ce roman ne soit pas très éloignée de l’enfance de Christine Lavant, cela rend le roman encore plus prégnant.
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L’auteur
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