Nous étions effectivement prévenus : 2012 devait constituer une sorte d’Everest du blockbuster hollywoodien. Le contrat est indiscutablement rempli, mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ?
2012 n’annonce rien de moins que la fin du monde. Notez que Roland Emmerich est un habitué de l’apocalypse, avec déjà au compteur Independence Day, Godzilla, ou Le Jour d’Après… Cette fois, point d’aliens belliqueux ou de reptile japonais irradié, c’est un alignement astral et plus particulièrement le Soleil qui est en cause : le 21 décembre 2012, ainsi que l’avaient prévu les Mayas, l’écorce terrestre largue les amarres et les plaques partent à la dérive. Comme dirait Yannick Noah, « attention les secousses ».
D’emblée, on note pourtant que la vraie catastrophe est la VF, qu’on imposera sans discuter à 90% des spectateurs hexagonaux (allez trouver une séance en VO hors de la capitale…). Le doublage de certains personnages, comme le milliardaire russe et ses enfants, laisse en effet songeur. Peut-être cela signifie-t-il qu’au fond, 2012 est un film pop-corn qui assume son côté grotesque. Peut-être même qu’il lorgne vers la comédie ?
C’est ce que l’on pourrait d’abord penser lors des longues séquences de destruction californiennes, proprement hallucinantes, et dont les héros réchappent bien évidemment in extremis sans l’ombre d’une égratignure, façon Pierce Brosnan au costume toujours impeccable dans GoldenEye. Mais non, dans la grande tradition du film catastrophe, 2012 multiplie les enjeux personnels (« Allo papa ? Avant de mourir je voulais te dire que je t’aime et que… » *BOUM*) et plombe très largement l’ambiance parce que, voyez-vous, on ne peut quand même pas rire trop fort de la fin du monde.
Ainsi, les meilleures gags sont à mettre au crédit des animaux (poule sur l’échafaud et éléphants volants en tête), ou même d’une voiture de luxe. Les acteurs, eux, sont pour ainsi dire inexistants, si ce n’est par leurs caractéristiques ethnico-sociologiques : très tendance, le Président des Etats-Unis se devait par exemple d’être noir, quand le héros familial (John Cusack) a lui comme d’habitude pour mission implicite de reconquérir son ex-femme et ses enfants. Quand ça pète on adhère, quand ça parle on s’ennuie – au mieux.
2012 ne vaut dès lors que pour ses effets spéciaux scotchant. La production n’en est heureusement pas avare, puisqu’on a droit à un condensé de tout ce qui a pu se faire de mieux en matière d’anéantissement massif ces quinze dernières années. Exit les précédents Emmerich, au placard La Guerre des Mondes ! On nous gratifie même lors des 30 dernières minutes d’une séquence Titanic, qui ferait presque déborder le vase.
A côté de ça, beaucoup de bons sentiments et une morale douteuse… mais un épilogue un peu moins crétin que prévu. Allez, dégâts limités.
En salles le 11 novembre
Crédit photo : © Sony Pictures