La grippe A s’invite au pèlerinage de la Mecque

Les musulmans se préparent pour l’Aïd-al-Adha (la « très grande fête »), le 27 novembre. C’est à cette date que s’achèvera aussi le hadj, le « grand pèlerinage » de la Mecque. Pour cause de grippe A, le temps fort du pèlerinage sera cette année entouré de consignes sanitaires particulièrement strictes. Dans ce lieu qui attire chaque année près de trois millions de fidèles, ce sont 1,7 million d’étrangers venus de 29 pays qui se seront déplacés en 2009. Les autorités sont sur le qui-vive, d’autant que le ministère saoudien de la Santé a reconnu samedi les décès de quatre pèlerins atteints de la grippe A. Certes, trois de ces victimes étaient âgées de 75 ans et deux étaient porteuses de pathologies lourdes, mais le ministère ne nie pas la responsablilté du virus H1N1 dans les décès.

Des moyens importants mobilisés

Le 25 novembre, les musulmans vont tourner autour de la Kaaba, la pierre sacrée de la Grande Mosquée de la Mecque, et tenter d’embrasser le rideau qui la recouvre. Le lendemain, autre moment fort du hadj, les pèlerins se rassembleront sur le mont Arafat, à 20 kilomètres de La Mecque. Pour s’y rendre, les fidèles emprunteront des cars surbondés ou se déplaceront à pied, formant une gigantesque marée humaine. Les croyants se retrouveront ensuite sous des centaines de tentes. Autant d’occasions pour la grippe A de se propager. L’Arabie saoudite a donc pris les choses en main : campagne de vaccination, utilisation de caméras thermiques pour repérer les personnes souffrant d’une fièvre excessive, 15.000 médecins, agents paramédicaux et techniciens mobilisés dans les lieux saints… Le royaume a par ailleurs déconseillé le pèlerinage aux personnes atteintes de maladies chroniques, aux plus de 65 ans, aux femmes enceintes et aux enfants.

Environ 35.000 musulmans de France devraient accomplir cette année le hadj. Pour avoir leur visa, tous doivent être vaccinés contre la méningite et contre la grippe saisonnière. Et s’ils sont considérés comme prioritaires, contre la grippe A H1N1. Le Quai d’Orsay a d’ores et déjà mis en garde les pèlerins qui se rendront à La Mecque, et édité une fiche qui reprend les recommandations des autorités sanitaires françaises et saoudiennes. C’est aussi pour cause d’épidémie grippale que le pèlerinage des militaires musulmans de l’armée française a été annulé cette année.

Le grand pèlerinage, mode d’emploi

Le pèlerinage est un des cinq piliers de l’islam, avec la profession de foi, la prière, l’aumône et le ramadan. Les pèlerins partent en groupe, avec des agences de voyage agréées par l’Arabie saoudite et cet acte religieux représente un enjeu économique important : cette année le forfait (avion, hébergement, transports sur place) coûte entre 3.800 et 5.800 euros, selon la catégorie de l’hôtel et la durée du séjour (au moins une semaine). Le CFCM (Conseil français du culte musulman) met régulièrement en garde les candidats au pèlerinage contre les risques d’arnaque. Cette année par exemple, il signale sur son site internet une « fausse promotion » à 3.650 euros, qui ne comprend pas les trajets sur place et pour laquelle l’agence de voyage demande in extremis une rallonge aux candidats au voyage. Les pouvoirs publics français participent eux aussi activement à l’information des pèlerins et donnent tous les contacts nécessaires sur place pour faire face aux imprévus.

L’islam impose quatre conditions pour accomplir le hadj : il faut être musulman, en possession de ses facultés mentales, avoir atteint l’âge de la puberté et avoir les moyens physiques et financiers nécessaires. Le hadj se déroule pendant le dernier mois de l’année lunaire du calendrier musulman, avec en point d’orgue la grande fête de l’Aïd al-Adha – ou Aïd el-Kebir – qui commémore le sacrifice d’Abraham.

http://www.lepoint.fr