100 nouvelles classes préparatoires : Fillon sur les traces de Besson

Il y a quelques jours, Eric Besson dans un discours témoignait du mépris de la droite à l’égard des universités, en limitant les “filières exigeantes qui recherchent l’excellence” aux classes préparatoires, BTS et IUT. Cela a provoqué un tollé de la Conférence des Présidents d’Universités, qui a écrit à Besson pour affirmer « son opposition au dispositif d’allocations Parp (parcours de réussite professionnelle) tel que décrit dans l’arrêté ministériel du 19 octobre 2009 et demande qu’il soit revu en intégrant toutes les filières d’enseignement supérieur ».

Sauf qu’il ne s’agit pas d’une maladresse d’un ministre. Hier, François Fillon dans un discours sur l’égalité des chances a en effet abondé dans le sens de son ministre : “Les statistiques nous montrent que les enfants de familles défavorisées ont deux fois moins de chance d’accéder aux études supérieures et cinq fois moins d’intégrer les filières d’excellence comme les classes préparatoires aux grandes écoles.” Et de proposer la création de 100 classes préparatoires supplémentaires, afin dit-il de favoriser les élèves boursiers.

Nous sommes ici dans un raisonnement très pervers. D’abord, il méconnaît la réalité : les classes préparatoires sont, pour quelques-unes, très exigeantes, mais ce n’est pas le cas de la totalité, ou plus précisément les études universitaires le sont tout autant. Il n’y a pas que Louis-le-Grand ou Henri IV ! Par ailleurs, les débouchés se trouvent dans des écoles de niveau très variable. Et les universités offrent une formation tout aussi exigeante et de haut niveau que ces écoles.

Cela fait des décennies que l’on commente les dégâts causés par la dualité de notre système entre universités et grandes écoles. Ces dégâts s’amplifient à mesure que le nombre d’élèves accueillis en classes préparatoires augmente, ce qui est le cas depuis 2002.

Source : http://www.education.gouv.fr/cid21420/les-etudiants-en-classes-preparatoires-aux-grandes-ecoles.html

Ces filières, qui coûtent beaucoup plus cher que les filières universitaires, sont une voie de contournement des universités, notamment parce que les étudiants y trouvent un encadrement pédagogique plus intense. Le problème, c’est que beaucoup d’étudiants intègrent ces filières pour de mauvaises raisons. Ils vont en prépa scientifique alors qu’il n’ont aucune vocation d’être ingénieurs, mais sont happés dans des directions qui ne leur conviennent pas. Les universités offrent une palette très large de formations, allant jusqu’au doctorat, avec un corps enseignant de haut niveau. Cette  situation absurde doit cesser.

C’est pour cela que le Parti Socialiste soutient au contraire le rapprochement de ces filières, pour sortir de la concurrence stérile qui fait rage aujourd’hui. Il faut améliorer l’encadrement pédagogique à l’université, augmenter les moyens réellement pour assurer une meilleure réussite aux étudiants.

En continuant dans la voie opposée, en créant des classes préparatoires supplémentaires, François Fillon montre bien que les universités ne sont en rien la priorité du gouvernement.