L’amnésie

Par Daniel Valdenaire

L’époque est-elle propice à l’amnésie ? Est-ce l’évolution logique ou naturelle de la société ? Le regard, la perception sont-ils faussés ou au contraire font-ils preuve d’un implacable réalisme ?

Toutes ces questions s’imposent à moi au fil des jours. Vouloir y répondre ne m’évitera pas d’être victime d’une insidieuse subjectivité en même temps qu’une « aventure » risquée.

Retranscrire par l’écrit le déroulement au quotidien de ses perceptions de l’actualité non au niveau de l’événement mais au niveau de l’expression des individus qui participent à cette actualité est une chose périlleuse pour qui recherche l’absolu.

L’amnésie me paraît, de nos jours, la principale cause d’un malaise latent responsable de jugements erronés dont on ne peut rendre entièrement coupables ceux qui les énoncent.

L’amnésie est le remède miracle qui permet à une société d’avancer, qui permet de repousser au plus profond de chacun ce qui pourrait la stopper et la forcer à s’interroger.

Surtout ne pas s’arrêter en chemin, ne pas se retourner au risque de voir surgir les fantômes du passé.

Pour cela l’esprit humain utilise ses ressources inépuisables, ses circuits tortueux, ses déviations pour éviter tous les obstacles.

La première ressource est celle qui consiste à «  survoler « l’événement.

La deuxième consiste à se noyer dans la masse.

Une autre est d’entendre et comprendre ce que l’on veut entendre et comprendre.

Une autre est de se conforter dans une certitude surgie par hasard, mais à laquelle on se raccroche à défaut de mieux comme le naufragé à une planche de bois.

Alors comment imager ce discours ?

Les exemples ne manquent pas !

Il faut savoir que cette amnésie oblige à nager en surface, elle empêche la plongée vers des eaux plus pures.

Que reste-t-il en surface ?

L’écume, c’est à dire la facilité, la raillerie, l’envie. Le misérabilisme. Le rejet. La démagogie !

Plonger en eaux profondes permettrait au contraire l’analyse, l’écoute, la découverte, l’étonnement. On pourrait y découvrir des vestiges du passé, source d’interrogations.

Pour être concret, je vais vous dire en avant-première ce qui va préoccuper les Français cette semaine se sera l’énervement de Sarkozy en direct.

Pourtant les exemples d’énervement en direct sont nombreux, un des plus célèbres étant celui de Mitterrand à propos d’un fait bien plus grave c’est à dire les écoutes téléphoniques, avec un journaliste belge.

La une des journaux, ce qui les fera vendre sera ce non-événement d’une banalité affligeante, mais idéal pour entretenir un état d’esprit délétère dans le pays. Il en a été de même pour le divorce où ceux qui s’étaient donné pour but de ne pas en parler, en parlait quand même pour dire qu’ils ne voulaient pas en parler !

Surtout rester en surface !Ne pas approfondir, ne pas courir le risque de se découvrir.