Pas content, c'est sur l'antenne d'Europe 1 qu'il a donné son sentiment, net et sans équivoque : « Je n’ai pas invité Ségolène Royal, et je m’étonne d’apprendre par voie de presse d’ailleurs qu’elle s’auto-invite. Je ne voudrais pas que ce que nous avons à faire comme travail fondamental pour notre pays soit gâché par cette manière de faire. » En réalité, Vince n'a pas tort de montrer, de manière certes maladroite, mais ô combien humaine, jusqu'à quel point l'amour peut être cruel. Comment ne pas être en colère quand on a le droit pour soi ? Songez-y un instant : après avoir oeuvré pour créer ce courant, s'être décarcassé sur le fond depuis le mois de janvier, sans Ségolène qui jugeait la chose pas assez à son goût, la voilà qui déboule avec l'intention de s'inviter à déjeuner et de régler l'addition avec un « chèque contraception ». C'est déroyal ! Songeons à ces milliers d'impulsifs qui croupissent dans les prisons surpeuplées de France pour avoir proprement commis l'irréparable suite à de semblables agissements…
Cela se passait la veille à l'antenne. N'oublions pas que devant le micro nous sommes comme devant la chair : faibles. Flatté par la lumière soudaine. Par l'importance de l'événement. Contrarié par la couverture nuageuse qui soudain s'abat sur son colloque, emporté par son ressentiment, Peillon ajoute une pelletée : « Je vais lui faire savoir qu’il n’y a pas de raison à ce qu’elle vienne. On m’annonce qu’elle viendrait pour déjeuner. C’est un débat d’idées. Qu'est-ce ça veut dire venir déjeuner ? » C'est vrai, enfin ! Sous prétexte que le sous-commandant Darcos se bat pour la féminisation des cadres dans les grandes entreprises, avant même le satisfecit national, voilà qu'elle vient papoter avec tous les arrière-bans de ce sous-empire, poussant sur l'accotement celui avec qui récemment encore elle faisait des gros câlins dans une grange du Poitou-Charentes, à la faveur d'un week-end pastoral. Allez comprendre quelque chose au jeu de l'amour après ça. Le lendemain à l'heure dite, se croisant dans l'enceinte, Vincent rangeait ses vieux restes de dépit dans un coin de sa tête, pour plus tard, et offrait à Ségolène un bonbon, corrigeant le tir sur ses déclarations de la veille sur Europe 1 : « J'ai dit qu'il n'était pas souhaitable, à ce stade, que des présidentiables viennent dans cette réunion de Dijon».