La planète se délite et la seule chose qu'on nous propose c'est d'écouter les bonnes intentions des gouvernants sans piper mot. Si d'aventure l'idée vous vient de mettre en doute la conduite des affaires du pays, d'en dénoncer la dérive autoritaire, gare à vous ! Vous êtes mûr pour un débat identitaire et pour une marseillaise matinale à l'école, comme d'autres ont obligation de réciter le coran.
L'obscénité vient de franchir un degré supplémentaire dans la frénésie du fric facile. On convoque des gens dans la rue pour une distribution gratuite d'argent liquide. Cela me fait penser à ces vieux films de cape et d'épée où l'aristo jetait au manant en passant. Promis/juré/craché, vous aurez droit au miracle. L'argent c'est fastoche, pas besoin de travailler, aucun effort, sinon celui de tendre la main. Quelques milliers de personnes se sont déplacées. Submergés par le nombre, pris de panique, les organisateurs de ce buzz de la misère prennent peur et décident d'annuler l'opération. L'effet de surprise est dévastateur : la kermesse s'est transformée en échauffourée. Se sentant flouée, la foule s'est défoulée. Des vitrines sont brisées, des voitures renversées, des magasins vandalisés et des émeutiers sont arrêtés. Les réactions ont été nombreuses et l'entreprise qui organisait la chose, se frottant les mains, pointe (dans un premier temps) du doigt les services de la préfecture avant de se raviser, reconnaissant « une erreur » voire « une catastrophe ». Comme on dit : « faute avouée est à demi pardonnée ». Mais les faits sont là dans toute leur brutalité. Un sentiment de dégoût s'est emparé de l'opinion publique. Au-delà de l'événement, les gens s'interrogent sur des problèmes d'ordre moral et politique.