Le labyrinthe fascine, c'est un fait et il fascine dans toutes les cultures, bien que son sens demeure caché. Il inspire le malaise, la perdition, mais pas seulement. Dans ce livre lui-même en forme de labyrinthe, Edith de la Héronnière nous invite à une promenade dans les méandres de l'histoire (de l'Antiquité à aujourd'hui), de la littérature (de Pline à Sebald), de la peinture (de Léonard à Picasso), de la religion (des croisades aux pèlerinages), de l'art topiaire (du jardin français au jardin anglais) ou du cinéma (de Stalker à Shining) pour nous cultiver, mieux nous faire saisir non pas le, mais les mystères que contiennent les labyrinthes, toutes les catégories de labyrinthes : l'Irrgarten (le jardin d'égarement), le maze (le dessin au sol ou la haie basse), etc. Commençons par une définition descriptive : « Le vrai labyrinthe de jardin élève ses parois plus haut que la taille d'un homme, ce qui limite considérablement le regard. Ses couloirs se déroulent en colimaçon ou en angles obtus qui ne permettent pas de voir loin. Il s'offre comme une longue distance à parcourir dans un espace restreint à l'extrême, d'où les méandres et entrelacs serrés de manière à couvrir le plus de surface possible en permettant un très long cheminement sans qu'il ait un seul croisement de chemin. Topographiquement, il représente l'occupation maximale d'une surface limitée : un défi pour le cartographe ! Le vrai labyrinthe est obscur, surtout aux heures de soleil rasant. Dès l'entrée, l'inquiétude survient du fait de ne pas savoir où l'on va, ni ce qui attend le “pèlerin” qui pénètre dans l'inconnu de ces boyaux verdoyants. […] Forêt et labyrinthe ont un autre point commun, celui de susciter le besoin d'en sortir à tout prix. » On pénètre dans Le Labyrinthe des jardins par le mythe fondateur, celui d'Astérios – plus connu sous le nom de Minotaure – qu'Edith de la Héronnière relate de manière passionnante, reprenant tous les éléments de l'histoire de Dédale, dont certains m'étaient inconnus. Le mythe se mêle à l'histoire, l'auteure nous conduisant avec Diodore de Sicile, Pline l'Ancien ou Hérodote en Egypte, à Menphis ou à Heracleopolis où se trouvent les plus anciens labyrinthes mentionnés, ceux qui auraient inspiré Dédale.
Illustrations : - Tablette de Pylos (plus ancienne représentation connue d'un labyrinthe) - Thésée égorgeant le Minotaure - Randoll Coat, Borges - Labyrinthe de la Cathédrale de Chartres - Labyrinthe de la Cathédrale de Lucques - Maze du Palais Giusti - Shining