On se le dit entre filles en prenant un café sur un coin de table parce qu’on est pressées de retourner travailler. On le répète à la grande amie pour qu’elle réponde avec sa verve habituelle quelque chose pour rassurer ou pour nous faire décrocher comme si elle détenait la clef d’un coffre qu’on n’ose pas ouvrir. On le répète encore à son ami garçon en se disant qu’il n’y a qu’un mâle pour en comprendre un autre. Puis on le dit à son ami gai pour s’assurer que tous les scénarios auront été envisagés.
On l’écrit en prose pour notre propre plaisir, celui de mots enjolivés pour décrire des états d’esprit d’une génération troublée qui veut trouver avant de chercher. On l’écrit dans un cahier spiralé entre deux paragraphes gribouillés parce que les pages blanches sont en voie d’extinction. On l’écrit à une connaissance virtuelle en pensant qu’il comprendra qu’on n’en veut plus des indécis.
On le crie un soir à un inconnu qui nous demande l’heure. On le mime dans le métro en faisant du lipsync sur une chanson pas trop connue.
Puis finalement, on finit par comprendre que ce ne sont pas eux qui ne savent pas ce qu’ils veulent, c’est nous.