Bruce Willis y incarne un agent du FBI dans un présent différent du nôtre. L’être humain ne sort presque plus de chez lui, et vit à travers un clone modelé à sa convenance, relié à lui par une technologie révolutionnaire. Le clone est un deuxième corps, plus beau, plus résistant. Ce nouveau système de fonctionnement a considérablement réduit la criminalité, et ne trouve qu’une poignée d’opposants vivant à l’écart des autres, sans machines pour vivre à leur place. Dans ce climat où le clone est réputé sans danger pour son utilisateur, l’agent Greer (Bruce, donc), se voit confier l’enquête sur un meurtre étrange. Alors que la mort d’un clone n’entraîne généralement pas la mort de son utilisateur, voilà que deux personnes sont mortes en même temps que leurs avatars.
Si je détaille autant le résumé, c’est pour vous montrer à quel point le film avait sur le papier un certain potentiel, avec un sujet à enjeux forts (le clonage, l’intrusion dominante du virtuel dans le réel) et à ramifications multiples (la résistance, les complots, l’enquête…). Or la possible densité narrative de Clones n’est jamais vraiment mise en valeur. Jamais totalement exploitée. Au lieu de cela, on nous offre sur un plateau un thriller tendance SF proposant de l’action et un chouïa de réflexion, mais se contentant du minimum syndical, ni plus ni moins.
Le pire c’est que l’on pressent qu’à l’origine, les ambitions étaient plus grandes. Est-ce le studio Disney, distributeur, qui a demandé à Jonathan Mostow (réalisateur des solides Breakdown, U571 et Terminator 3) de couper et ne pas faire traîner l’intrigue ? Car des coups de ciseaux ont forcément été donnés, tant les raccourcis sont nombreux, les personnages peu épais, et les explications expéditives. Tout cela sent la bride, et c’est bien dommage. Avec de l’audace et au moins une bobine de plus, Clones aurait pu ressembler à un bon thriller futuriste, ce à quoi, en l’état, il ne peut absolument pas prétendre.