Mr Magorium's Wonder Emporium - You have to believe it to see it

Par Ashtraygirl


Source de ma première grosse frustration ciné de l'an dernier - dans la mesure où il n'a carrément pas été diffusé dans mon patelin - j'ai enfin réussi à voir ce que j'anticipais comme un pur bonbon, condensé délicieux de tout ce qui faisait que le monde était grand, grand, quand j'étais encore petite, petite (plus petite que maintenant).
Donc, merci Léo de m'avoir prêté le dvd et d'avoir contribué ainsi à réparer une grosse injustice faite à mon planning ciné 2008.
Mais alors, me direz-vous, en fin de compte, ai-je dévalisé ou non le Merveilleux Magasin de Mr Magorium? Hum?
     
"Les magasins magiques, ça n'existe pas."

Là-dessus, on est bien d'accord, mon p'tit père! Dans le cas contraire, ce serait carrément le pied! Imaginez-vous passer des journées entières à Jouets Club ou La Grande Récré, tandis que les camions de pompiers éteignent de vrais mini-feux, que des balles rebondissantes font la course à travers les rayons et que les livres s'animent d'eux-mêmes... Prodigieux! Evidemment, vous y perdriez tout votre temps. Mais pas votre argent. Car non, chez Magorium, a priori, le chiffre, c'est pas ça qui les stresse. L'idée, c'est d'en mettre plein les mirettes. Et là, le pari est carrément réussi! Car l'Emporium de Magorium est bel et bien enchanté. Chez lui, tout s'anime, prend vie, réagit, en totale interaction avec la foule de visiteurs qui se presse chaque jour entre ces quatres murs regorgeant de coins et recoins aux multiples surprises. Il ne faut pas plus d'une demi-seconde pour réinvestir ses culottes courtes et se remémorer nos jeux de bambins, drapés d'insouciance et l'imagination au top. C'est le paradis sur Terre, rien de moins. Un havre de saine infantilité digne d'une virée sur Main Street à Disneyland Paris. J'en ai eu le coeur serré de repenser à tous ces magasins pâlichons que l'on côtoie à longueur de temps... Quelle manque de fantaisie!
Ajoutez à cela un propriétaire épatant (Dustin Hoffman), une gérante pétillante (Natalie Portman) et un garçon qui collectionne les chapeaux (Zach Mills), et le rêve en technicolor peut prendre son essor, pour une émoustillation maximum!
Jusqu'à ce que...
"Le magasin est en colère comme l'indiquent clairement les éléments..."

Un jour, il faudra que je fasse un classement des bandes-annonces m'ayant le plus cruellement bercée d'illusions par rapport au film que j'ai vu finalement. Celle du Merveilleux Magasin de Mr Magorium y figurerait sans doute en bonne place. C'est si détestable de faire ça. Préparer le public à un film et lui servir une toute autre histoire...
Avis aux amateurs, donc: si vous n'avez pas encore vu ce film, ne vous fiez pas (complètement) à la B.A. Si les images sont bien les mêmes, l'histoire qu'elles racontent, elle, s'avère plutôt très différente. Attention, (légers) SPOILERS.


Pour vous la faire courte, le Merveilleux Magasin de Mr magorium, malgré son affiche saturée de couleurs vives, ses paillettes et son parfum de magie, n'est pas précisément le genre de feel good movie auquel on peut décemment s'attendre. En fait, et ce malgré l'estampillage "film pour enfants à partir de 6 ans", c'est probablement l'un des films les plus mélancoliques que j'ai vu à ce jour. Si, si, vous avez bien lu: c'est terriblement triste. Alors que je m'attendais au sauvetage d'un magasin magique déserté par son fantastique propriétaire sous la menace de bureaucrates peu scrupuleux (avouez, c'est quand même ce qui transparaît dans la B.A.), on assiste plutôt à la lente agonie du magasin et de Magorium lui-même... Le sauvetage du magasin? On y viendra... Deux minutes avant le générique de fin! Avant cela, on aura droit à une large part de pathos dégoulinant de bons sentiments et de nostalgie étouffante, tandis que l'on passe en revue les regrets et autres rêves foirés des protagonistes, et que l'un d'eux tire sa révérence à n'en plus finir.
Niveau baume au coeur, on repassera, donc...


"Alors on part à l'aventure?"

Non ma grande, on restera définitivement au magasin. Enfin, pendant les heures d'ouverture officielles, parce qu'en dehors, ça craint un peu quand même... Surtout pour les mioches, pour le coup. Encore que, je ne suis pas convaincue qu'ils saisissent la teneur de cette citation de Shakespeare dans Hamlet: "Il meurt". Pour nous autres, grands enfants, la magie sera de courte durée tandis que ces adieux déchirants font échos à la finitude de toute chose, nous renvoyant à nos angoisses d'adultes... Jusqu'à la réouverture du magasin, le lendemain. Pas une totale déception donc, mais pas l'aventure fantastique que j'en attendais non plus.



EN BREF

*Indice de Satisfaction:
*1h30 - Américain - by Zach Helm - 2008
*Cast: Dustin Hoffman, Natalie Portman, Jason Bateman, Zach Mills
*Genre: Liquidation totale avant travaux...
*Les + : La composition épatante de Dustin Hoffman, tour à tour loufoque, attachant, et plein de poésie. Le reste du casting, réjouissant, la divine Natalie Portman en tête. Le magasin, somptueux, alléchant, galvanisant, fantastique en tous points.
*Les - : Maldonne sur l'intrigue, qui plombe d'emblée une histoire qui aurait mérité plus de féérie, et moins de nostalgie.
*Liens: Fiche film Allociné
*Crédits photos: © Walden Media