Dans les années 1950, l'affaire de "l'empoisonneuse de Loudun" défraye la chronique. Elle demeure l'une des grandes énigmes judiciaires du siècle passé. Car nul ne saurait dire si Marie Besnard était coupable ou innocente.
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Une mort suspecte.
Le 25 octobre 1947, Léon Besnard, commerçant bourrelier de Loudun (Vienne) âgé de 55 ans, décède dans son lit d'une crise d'urémie. Marie, sa veuve de quatre ans sa cadette, espère vivre son deuil en paix, mais c'est compter sans sa voisine, pourtant bonne amie du couple, rapidement soutenue par une partie de la populace, qui l'accuse d'avoir assassiné son époux.
Une tueuse en série ?
Pour couper court à la rumeur, les autorités font procéder à une exhumation du corps du défunt, le 11 mai 1949. Les analyses révèlent un taux d'arsenic insolite, et Marie Besnard est arrêtée. Les gendarmes qui mènent l'enquête découvrent alors, avec stupéfaction, un nombre de morts violentes impressionnant durant les dix années précédentes, dans l'entourage de la meurtrière présumée...
Un procès bâclé.
Marie Besnard est inculpée pour douze meurtres. Un premier procès s'ouvre à Poitiers en février 1952. Aucun témoin n'apportant de preuve tangible, il y est surtout question des prélèvements effectués sur les corps des victimes supposées de celle qu'on surnomme désormais "l'empoisonneuse de Loudun". Toutes ont un taux d'arsenic important, mais les avocats de l'accusée pointent du doigt les nombreuses négligences des scientifiques. A tel point qu'une contre-expertise est ordonnée : le juge demande une seconde exhumation des corps et le procès est renvoyé.
Le mystère demeure.
Un deuxième procès s'ouvre en mars 1954, à Bordeaux. Il est ajourné également, les méthodes des nouveaux experts n'étant pas plus irréprochables que celles de leurs prédécesseurs. Le troisième rendez-vous judiciaire, prévu pour l'été 1954, aura lieu finalement sept ans plus tard, le temps pour les instances scientifiques de se déterminer enfin. Ironie du sort, le délai est trop long et les corps des disparus ne permettent plus d'apporter des preuves crédibles. Marie Besnard sera acquittée le 12 décembre 1961, après douze ans de procédure, laissant ses détracteurs à jamais frustrés.