Chanson de chasse
La chasseresse sans chance
de son sein choie son sang sur ses chasselas
chasuble sur ce chaud si chaud sol
chat sauvage
chat chat sauvage qui vaut sage
Laissez sécher les chasses léchées
chasse ces chars sans chevaux et cette échine
sans châle
si sûre chasseresse
son sort qu'un chancre sigille
chose sans chagrin
chanson sans chair chanson chiche.
Robert Desnos, Corps et biens, dans Œuvres, éditions établie et présentée
par Marie-Claire Dumas, Quarto Gallimard, 1999, p. 530.
Paris
Pas encore endormi,
J'entends vos pas dans la rue, hommes qui vous levez tôt,
Je distingue vos pas de ceux de l'homme attardé, aussi sûrement que
l'aube du crépuscule.
Sans cesse il est des hommes éveillés dans la ville.
À toute heure du jour des hommes qui s'éveillent,
Et d'autres qui s'endorment.
Il est, pendant le jour, d'invisibles étoiles dans le ciel.
Les routes de la terre où nous ne passerons jamais.
Le jour va paraître.
J'entends vos pas dans l'aube,
Courageux travailleurs matinaux.
Le soleil se pressent déjà derrière la brume.
Le fleuve coule plus nonchalamment.
Le trottoir sonne sec sous le pas.
Le son des horloges est plus clair.
Vienne l'indécis mois de mars et les langueurs du printemps
Tu te lèves, tu t'éclaires, tu éclates,
Figure de pavé et de cambouis,
Ville, ville où je vis,
Paris
Robert Desnos, Les Portes battantes,
dans Œuvres, édition établie et
présentée par Marie-Claire Dumas, Quarto Gallimard, 1999, p. 815.
Contribution de Tristan Hordé