Une seconde carrière professionnelle ?

Publié le 25 novembre 2009 par Christophe Foraison
Bon, alors, si je n'arrive plus à écrire régulièrement des billets sur mon blog, c'est en raison d'un emploi du temps très serré.

Mais vous ne devinerez jamais pour quelles raisons !

Ce billet va me donner l'occasion de me décentrer de ma position d'enseignant pour occuper un temps celle du parent d'élève.


J'ai trois enfants qui sont scolarisés (en troisième, cinquième et CE2)

Figurez-vous que je fais moi aussi  une double journée de travail ^^ (toute proportion gardée évidemment).

Voici, à titre d'exemple, ce que j'ai dû entreprendre pour aider mes enfants (sans compter ce que ma femme fait aussi évidemment):

- mon petit dernier est en train d'étudier la préhistoire, il adore cela, mais c'est vrai que les noms sont parfois difficiles à retenir, il a du mal à "visualiser" les progrès que les hommes préhistoriques ont réalisés.
L'évolution de l'espèce humaine est, pour moi, un des moments clés de notre Histoire. J'avais déjà utilisé avec son frère et sa soeur la série "Il était une fois l'Homme" (que je regardais quand j'étais petit ^^). Cela permettait de réviser en s'amusant.
Cet été, nous sommes allés visiter les grottes de Lascaux (voir le site somptueux ici). Une grande claque ! 
Aujourd'hui, j'ai donc regardé (pour la dixième fois) avec lui "L'odyssée de l'espèce". Un documentaire remarquable sur le fond (de nombreuses questions existentielles sont abordées) et la forme (on raconte une histoire).
A chaque épisode, il commentait en me disant ce qu''il avait vu en cours ou en me posant des questions diverses.




- mon fils cadet avait un travail de recherche sur Vermeer. Puis il devait  réaliser un dessin à partir d'une oeuvre de ce peintre (qui n'est pas connu pour être simple à réaliser étant donné les jeux de lumière).
Evidemment, il choisi un tableau du pein
tre (celui-ci) et essaye de le reproduire.
Après plusieurs essais infructueux sur la position du buste, puis sur le dessin des yeux, du nez et de la bouche, c'est papa qui prend alors les choses en main, le fiston réalisera la mise en couleur.





- ma fille aînée avait elle aussi un dessin à réaliser en perspective oblique (avec 2 points de fuite): une grue de chantier avec un projet architectural inspiré des bâtiments de son collège !!!
Je n'ai jamais été excellent en géométrie et le dessin industriel n'est pas mon point fort (même si je suis admiratif devant les travaux d'architecte ou d'ingénieurs). Ma fille avait réalisé la grue (avec l'aide de son enseignante), il fallait faire le reste (le projet architectural en perspective oblique).




Et je ne vous parle pas des autres matières et du travail de révisions , ce serait trop long ^^

Essayons d'élaborer quelques éléments de réflexion :



- en tant qu'enseignant, la question du travail à la maison est un vrai enjeu de réflexion.

Ne pas en donner, c'est faire croire à l'élève qu'il n'y a rien à faire, c'est aussi un signal (plutôt négatif) adressé aux parents.

En donner, c'est prendre le risque de créer des inégalités entre élèves (tous n'ont pas des parents qui ont du temps et des moyens pour aider leurs enfants), c'est aussi prendre le risque du "copier-coller" (entre élèves, entre l'élève et les ressources du web). La frontière est étroite.

Personnellement, j'essaye de donner des exercices d'applications ou de préparation du cours : l'essentiel doit se faire en classe. Parfois, un travail plus long est demandé, mais c'est rare.

Mes options ont évidemment des limites: il faut "boucler le programme", les élèves n'ont pas vraiment l'habitude de travailler en classe (difficultés de concentration), les rythmes de travail sont hétérogènes (certains sont très lents etc...).

Les avantages ne sont pas négligeables: j'observe les réponses écrites des élèves, pointe leurs faiblesses (à quel moment leur raisonnement manque-t-il de rigueur ?), et essaye de leur donner un conseil pour qu'ils améliorent leurs réponses.




- en tant qu'enseignant les sciences économiques et sociales, je dispose d'outils qui me permettent d'analyser le travail à la maison.

En économie, il s'agit d'une externalisation du travail scolaire. Une entreprise externalise une partie de ses activités lorsqu'elle confie à d'autres entreprises le soin de réaliser ses activités (cela correspond à de la sous-traitance par exemple).
Ici, le travail scolaire est externalisé puisqu'il se réalise à l'extérieur de la classe et qu'il peut être réalisé par d'autres acteurs que l'enseignant (les parents, les frères/soeurs, les cours privés, le web....).

D'ailleurs Adam Smith nous a démontré qu'en divisant le travail, on parvient à obtenir des gains de productivité :les élèves peuvent nous sortir un exposé écrit en quelques minutes grâce au web, les enfants se reposent sur les parents qui pourront toujours réexpliquer ou faire les travaux: c'est un gain de temps évident ^^

En sociologie, cela pose le problème du rôle des parents dans la réussite scolaire et de la transmission du capital culturel.
On pourra relire cet article qui montre que l'école Française, à ce sujet, a bien des progrès à faire. C. Baudelot a approfondi le sujet dans son dernier ouvrage sur "l'élitisme républicain" (voir cet article avec vidéo).



- en tant qu'internaute, je pense qu'on n'est pas encore rentré dans l'ère numérique (et je parle également de mon cas).

Les technologies permettent de compléter les outils traditionnels (feuilles polycopiés, manuels....). Soit pour faire découvrir (cf le site sur les grottes de Lascaux ou le DVD sur l'odyssée de l'espèce), soit pour mettre en activité les élèves par exemple avec des logiciels de Dessin Assisté par Ordinateur, des palettes numériques etc...




Je ne fais que m'interroger sur mes propres pratiques de parent-enseignant-internaute...

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