C'est presque devenu un marronnier, d'autant que cela commence en automne (pour se poursuivre jusqu'à l'orée du printemps) : la complainte de Guy Novès, l'entraîneur du Stade Toulousain, vis-à-vis de la Ligue et de la Fédération française de rugby. L'accusation est (à peu près) toujours la même. Elle porte sur les doublons imposés par la juxtaposition des calendriers nationaux et internationaux, doublons accompagnés d'un pillage en règle de son équipe par les sélectionneurs de tout poil.
Il faut reconnaître à Guy Novès une constance dans l'effort critique. Et constater qu'à l'heure de composer une équipe pour la réception de Montauban, le coach Toulousain qui a habituellement l'embarras du choix, a aujourd'hui davantage l'embarras que le choix.
Entre les blessés et les internationaux retenus en sélection (Française, mais pas seulement), la liste des joueurs indisponibles est assez impressionnante. Guy Novès sent bien, sait bien, que la qualification pour les quarts de finales du Top14 ne devrait pas échapper au Stade Toulousain. Mais il s'inquiète de la proximité des matches de H Cup, décisifs pour la suite de cette compétition. Et le rappel en sélection de Cédric Heymans et Yann David pour la prochaine rencontre des Bleus, associée à la perspective de récupérer des joueurs fatigués voire blessés à l'issue des tests de novembre a sans doute provoqué ce énième coup de gueule de l'entraîneur Toulousain.
L'argumentation de Guy Novès est désormais bien rodée. On soupçonne presque les journalistes de recopier leurs articles d'une année sur l'autre tant les propos du "sorcier" de Haute-Garonne sont marqués par la récurrence. En gros, les instances dirigeantes sont des ramassis d'incapables, qui n'ont pas conscience de fausser les championnats (européen et domestique) et font fi des intérêts des clubs qui sont les employeurs des internationaux.
De fait, ses arguments sont imparables : comment ne pas reconnaître que le rugby est l'un des seuls sports professionnels (avec peut-être le hockey sur glace nord-américain) à programmer en même temps des rencontres internationales et des matchs de championnat national. Il n'est certes pas normal que des clubs soient dans l'obligation d'aligner des équipes amoindries, pour fait de doublons, lors de certaines journées du Top14. Et il est légitime de s'interroger sur la responsabilité des fédérations internationales dans la gestion des blessures des internationaux à l'occasion des Tests ou du Tournoi des six nations.
Mais cette
histoire de calendrier n'est pas nouvelle. Et elle s'impose à
toutes les équipes d'Europe. Il n'est pas inutile de rappeler que
ce sont les clubs Français eux-mêmes qui ne sont pas favorables à
la réduction du championnat à 12 clubs. Au contraire, la LNR
(composée en grande partie de présidents de clubs professionnels) a
choisi d'augmenter le nombre de rencontres en faisant disputer des
barrages à l'issue de la saison régulière du
Top14.
En ce qui concerne Toulouse, certains estiment que le Stade doit assumer son recrutement "trois étoiles" : un Picamoles ou un David ont été embauchés alors que leur destin international n'était pas douteux. Et Patricio Albacete, pour ne citer que lui, n'est pas un Puma en retraite. Novès retourne l'argument en mettant en avant les joueurs qui sont devenus internationaux après être passés par "l'école toulousaine". Il n'a évidemment pas tort. C'est, on le voit, un débat sans fin et sans issue.
La danse de Saint-Guy fait venir une pluie de critiques : les pro-Novès se lâchent sur les dirigeants irresponsables, et les anti-Guy se gaussent des jérémiades de riche du coach rouge-et-noir.
L'IRB n'étant pas prête à sacrifier les tournées, qu'elles soient d'automne ou d'été, et le Tournoi hivernal, l'ERC ne cherchant pas à tuer les six poules aux oeufs d'or de la H cup, la LNR souhaitant multiplier les matches et les recettes qui vont avec, on risque bien d'entendre encore longtemps la petite musique du taciturne Novès...
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 26 novembre à 15:12
On aime Noves ou pas, mais il a tout de même raison de se plaindre, meme si c'est récurrent. La solution ne doit pas venir de l'IRB mais plutot de la LNR. Un Top 12 est suffisant et limiterait les doublons. Le risque de blessures internationales malheureusement on y peut rien.