Ce n'est pas la première fois qu'Occhiata évoque les oeuvres de Michaël Schouflikir. Son exposition actuelle à la galerie Eva Hober me donne l'envie d'une nouvelle note à son sujet.
L'oeuvre de Michaël Schouflikir se signale d'emblée par son format miniature: on a pu voir depuis quelques années ses visions du monde contemporain réduites à la taille d'une maquette, visions poétiques, d'apparence naïve, mais à l'évidence critiques quand on les observe de près.
La dernière exposition de l'artiste révèle la diversification actuelle de ses pièces. On y trouve notamment:
- de nouveau des petites maquettes, mais cette fois réalisées avec des matériaux précaires, visiblement de récupération.
(Ici: Germinal)
(Ici: Metropolis)
- Des collages, comparables à des origami, réalisés à l'aide de bouts de papiers froissés ou déchirés, dont on apprend qu'ils ont été, dans une vie antérieure, des tickets de métro ramassés ou bien encore des contraventions détournées.
(Ici: Sol 5).
Il manque encore (je n'ai pas d'image) les peintures faites sur des morceaux de bois assemblés - peintures d'apparence abstraite mais où l'on discernera des signes rappelant le configuration d'un parking ou un alignement d'immeubles.
Le communiqué de presse de l'exposition, qu'on peut trouver au bas de cette page, explique très clairement la manière dont l'artiste récupère les débris de la vie contemporaine pour y insérer de la poésie, un souffle, un rythme coloré, au-delà même du regard critique qu'il porte sur elle. Ce qui me plaît justement, c'est la fragilité de ces pièces. Leur taille réduite (elles ne dépassent pas les 10 cm par leur plus long côté) semble dire qu'elles ne tiennent qu'à un fil. Avant de dénoncer la dureté de la vie contemporaine, il me semble qu'elles montrent que cette vie ne résisterait pas au premier souffle un peu violent, pour peu, justement, qu'une multiplication d'oeuvres de cet ordre y mette quelque désordre. Parce qu'ils ont été recréés par l'artiste en objet miniature, les restes et les débris naguère épars qui les constituent démontrent le potentiel de renouveau qu'ils contiennent. J'ai envie d'imaginer l'envol de centaines d'origami comme ceux de Michaël Schouflikir - et les perturbations inattendues que cela produirait.
(Images: courtoisie de l'artiste et galerie Eva Hober, Paris)