Depuis quelques semaines, le parti socialiste de Martine Aubry se réveille. Si sa renaissance ressemble furieusement à un retour à des sources taries, elle a le mérite de nous faire réfléchir à "la France qu'on aime".
Au regard des débats en cours et de notre culture médiatique, nous pouvons nous interroger : la France qu'on aime deviendra-t-elle une soupe aseptisée sans croyance, sans culture, sans conviction?
Faisons un peu de prospective...
Demain, la nouvèl fransse sera pleine de vieilles personnes agglutinées dans des maisons de retraite cachées à la campagne.
Demain, la nouvèl fransse sera parsemée de rares enfants nés quelque part mais élevés autre part par deux papas, deux mamans, un working-girl célibataire en mal d'amour ou une mère loueuse de ventre. Et parfois nés et/ou élevés par deux ringards mariés.
Demain, la nouvèl fransse sera de toutes les couleurs mais personne ne le remarquera sauf celui qui veut une amende parce que ça ne sera pas bien du tout de dire à un noir qu'il est noir et à un blanc qu'il est pâle. En nouvèl fransse, tout le monde sera gris.
Demain, La nouvèl fransse aura des bébés qui hurleront dans les parcs, bien au chaud dans leurs salopettes à décharge électrique anti-fessée.
Demain, la nouvèl fransse aura des collèges pleins de citrouilles d'halloween, de distributeurs de capotes, de cantine sans jambon pour ne pas choquer les gens différents qui en fait ne sont pas différents ... et un grenier rempli des crucifix de l'ancienne époque.
Demain, la nouvèl fransse recherchera le graal du bien-être matériel, le labellisera "bonheur" et sera bien avancée...
Demain, la nouvèl fransse sera un gruyère dont les trous seront des "ghettos urbains" oubliés du bien-être matériel et recroquevillés dans leur autarcie dangereuse.
Demain, la nouvèl fransse aura des habitants qui feront l'amour
comme des lapins mais seront seuls comme des hérissons écrasés sur une
route d'amour idéal où filent beaucoup de chauffards.
Demain, la nouvèl fransse dira à sa population qu'elle est libre pour lui faire oublier qu'elle est contrainte par son rapport à la beauté factice, à l'argent roi, au sexe facile, à la santé fragile.
Demain, la nouvèl fransse sera un havre de biotechnologie dans lequel on testera le rêve prométhéen de devenir dieu créateur à la place du vrai Dieu.
Demain, la nouvèl fransse aura des livres d'histoire qui raconteront de drôles d'histoires et cacheront la vraie histoire.
Demain, la nouvèl fransse sera une arène infinie de communication où
on pourra échanger sur des réseaux les phantasmes de nos désirs
conformistes mais où on cachera les aspirations de nos prières
intérieures.
Demain, la nouvèl fransse aura peu de prêtres, quelques imams et beaucoup de forums de discussion sur le sens de la vie et la recherche du bonheur.
La nouvèle fransse sera-t-elle la fransse ke j'm?
La fransse ke j'm, n'est pas une prison
où tout le monde se ressemble. Je veux pouvoir me moquer des noirs
comme on se moque des curés, me moquer des pédés comme on se moque des
religieuses, me moquer des musulmans comme on se moque des cathos
coincés. Pas par sectarisme mais par amour. Ne rien dire, c'est avoir peur des différences; rire, c'est les accepter.
La fransse ke l'm n'est pas une dictature de l'égoïsme. Je veux
pouvoir penser aux autres quand je gagne de l'argent, quand je dépense
de l'argent, quand je regarde la télévision. Et me dire que tout ce que
je fais nuis à personne.
La fransse ke j'm n'est pas un enfer de relativisme et de nihilisme.
Je veux pouvoir me nourrir de l'espérance de Dieu, respirer l'amour de
Dieu, admirer la création de Dieu. Je veux pouvoir trouver le sens de
ma vie.
La fransse ke j'm est une fransse humble qui ne s'épuise pas à devenir ce qu'elle n'est pas mais qui comprend ce qu'elle doit être : une union d'hommes et de femmes qui aspirent à grandir ensemble dans un monde mystérieux et prometteur.