Envoûtée par ma lecture de Dracula, j’ai voulu prolonger ce moment avec la suite officielle. Pourtant préparée à ne pas retrouver le style épistolaire, ni l’écriture savoureusement victorienne, ni l’atmosphère du roman originel, je n’ai pû m’empêcher de voir mes cheveux se hérisser, ma mâchoire se décrocher, mes yeux sortir de leurs orbites tant j’ai été surprise du résultat. Pour un peu, je m’en serais étouffée ! Vous trouvez que j’exagère ? hommage ou trahison d’une œuvre…
Présentation de l’éditeur : En 1888, un groupe de six intrépides a réussi à détruire Dracula aux portes de son château de Transylvanie. Vingt-cinq ans plus tard, ils se sont dispersés mais le souvenir de cette périlleuse aventure où l’un d’eux a laissé sa vie les poursuit. Combat quasi mystique contre les forces du mal, vengeance d’amoureux endeuillés ou inextinguible jalousie : les raisons mêlées de leur acte continuent de perturber leur existence et la disparition du prince des ténèbres n’a pas apaisé leurs tourments. Une mort inexpliquée devant un théâtre parisien et un deuxième assassinat d’une effroyable cruauté au cœur de Londres vont réveiller la peur. Du Quartier latin à Piccadilly Circus, l’ombre de Dracula semble à nouveau planer… Les héros d’autrefois devront faire face à un ennemi insaisissable aux attaques sournoises ou d’une violence inouïe, mais aussi à leurs propres démons.
Si Dracula est de retour plus d’un siècle plus tard, c’est à l’instigation de l’arrière-petit-neveu de Bram Stoker, d’après les notes originales laissées par ce dernier. Assisté de l’auteur Ian Holt, Dacre Stoker a donc réveillé le plus populaire des vampires - avec le consentement du clan Stoker et ce, dans le but de se réapproprier l’œuvre de leur aïeul. Les amateurs d’adaptations ciné ne seront sans doute pas déçus tant les références sont nombreuses mais qu’en est-il du lecteur de l’œuvre première ? Comment dépoussiérer un livre culte ? les auteurs se sont attachés à rendre leur roman on ne peut plus contemporain. Exit le charme du style épistolaire, place à une écriture uniforme à la 3ème personne.
Autre subversion notable et non des moindres : l’évolution des protagonistes. Dracula, être charismatique mais dénué de charme devient dans ces pages une créature outrageusement humanisée et d’une sensualité débordante. La douce Mina sort les crocs, les griffes, les armes pour protéger son petit devenu grand et incontrôlable. Au diable, les codes de l'époque victorienne. L’unité du petit groupe d’origine pourtant si lié par les épreuves n’est plus et laisse place à de nouveaux venus tels Bram Stoker en personne ou encore Jack l’éventreur.
Alors bien sûr, cette suite se lit avec entrain tant le scénario est riche de rebondissements, de personnages haut en couleurs, de chapitres courts et endiablés, de multiples scènes d’action. Un louable travail de recherches historiques est aussi à saluer quant aux figures que sont Vlad III et Elizabeth Bàthory. Les fans du Dracula de Francis Ford Coppola retrouveront la force des amours passionnées de Mina et de son prince des ténèbres. Il est clair que les deux auteurs ont voulu toucher le plus large public possible au risque de dénaturer l’œuvre de Bram Stoker. La famille Stoker a peut-être réussi à reconquérir cette part d’héritage mais à quel prix ?
Impossible à noter. Mes impressions ne sont peut-être pas très objectives tant j'ai aimé Dracula de Bram Stokerdonc voici d'autres avis. Ceux assez semblables : Serafina, VladKergan, Mika, et ceux très enthousiastes de : Emmyne, Nanne, Deuskin, Chiffonnette. J'en profite pour vous inviter à lire l'interview du traducteur Jean-Noël Chatain, réalisée par dabYo