Avant de commencer la lecture des Derniers de la rue Ponty, j’ai entendu une critique plutôt négative d’Eric Naulleau, sur France 5, disant notamment que ce livre ne répondait pas aux attentes que suscite tout premier roman (on retrouve des propos similaires sur une vidéo de l’émission « On n’est pas couché », sur France 2). Personnellement, je ne ferai pas mien ce reproche, au contraire. Pour tout dire, j’ai été conquis.
Certes, je manque peut-être d’objectivité. Les Derniers de la rue Ponty ont trouvé en moi un terreau favorable. Car ce roman, écrit par un auteur français d’origine belgo-sénégalaise, évoque de nombreux lieux incontournables de la presqu’île du Cap-Vert – la place de l’Indépendance, la plage des Mamelles, l’île de Ngor… – et, partant, flatte les souvenirs de tout lecteur un peu familier de Dakar.
Le héros du livre, Gabriel, se trouve lui-même dans la capitale sénégalaise en tant que « visiteur ». Un visiteur un peu particulier, cependant, puisqu’il est un « ange » venu de France et envoyé là en mission après la mort de Camille, sa compagne. Cette mort le hante et, pour conjurer le sort, un marabout lui donne pour mission de sauver deux existences. Il prendra alors sous son aile deux femmes croisées au cours de ses pérégrinations dans Dakar : Salie, une jeune et belle métisse d’origine franco-sénégalaise, cheveux décolorés et vêtements flashy style années 80, perdue, sans parents, sans avenir ; et Emma, une Française au cœur fané, qui a perdu la foi en même temps que l’espoir d’avoir un jour un enfant.
Parallèlement, d’autres destins peuplent la ville et l’histoire des Derniers de la rue Ponty : Alioune, jeune vendeur de téléphones du marché Sandaga, candidat à l’émigration clandestine et séducteur invétéré, tombe sous le charme de la sublime, envoûtante et si indépendante Miyidima. Ces destins croiseront bientôt ceux de Salie et Emma, sans que jamais les personnages ne se rencontrent.
Ce livre peut paraître au premier abord un peu « angélique ». Il n’en est rien. Page après page, on est happé par les destinées de personnages auxquels on ne peut rester insensible : destinées tour à tour magiques et terribles, les yeux scintillent puis s’embuent. Avec une écriture à la fois classique et lumineuse, très pure et parsemée de belles trouvailles, Sérigne M. Gueye nous immerge dans un monde potentiellement beau, souvent dur, certainement complexe, où l’existence de chacun est intimement liée à celle des autres… et dont l’équilibre, hélas, se nourrit autant de joies que de peines.
Une histoire captivante, une écriture saisissante, un regard sur le monde : Les Derniers de la rue Ponty ont tout pour être un bon premier roman. Le passage du rap à la littérature est réussi.
Les Derniers de la rue Ponty
de Sérigne M. Gueye
Naïve, 2009
219 p., 18 euros
Et pour finir, je ne résiste pas à l’envie de passer un clip du dernier album de Disiz. La chanson s’appelle « Bête de bombe 4 » et, vous le verrez, est pleine de dérision…
Disiz - Bête de Bombe 4
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