Flairs – Truckers Delight

Publié le 24 novembre 2009 par Benjamin Mialot

Les routiers m’énervent. Ils ne sont pas les seuls, vous vous en doutez (il y a aussi les chasseurs, les employés de la Poste, les caissières, les footballeurs, les animateurs télé, les étudiants en école de commerce, les syndicalistes, les chauffeurs de taxi, les vigiles…), mais eux m’agacent particulièrement. Parce que lorsque ma bien-aimée roule seule en débardeur, ils se passent le mot pour la klaxonner et lui faire des appels de phare à chacun de ses dépassements, et parce que je n’en peux plus de me trainer derrière leurs crasseuses citernes quand il leur prend l’envie de se tirer la bourre pour gratter un ou deux kilomètres par heure. Puis de toute façon, Duel, Joy Ride, Hush, Breakdown et autres thrillers à moteur sont là pour témoigner de la dangerosité de ces hommes et femmes dont le visage se résume à une casquette. Ceci dit, je vais peut-être revoir ma copie à leur sujet, une fois que j’aurais visionné une dizaine de fois supplémentaires le formidable clip de Truckers Delight, bombinette electro lo-fi (genre Daft Punk après une steroid detox) de Flairs.

Ce regain de sympathie n’est dû ni à la moustache affriolante du principal protagoniste de la vidéo, ni au clin d’œil au hit séminal de The Sugarhill Gang. Comment ça mon nez s’allonge ? Si cette remarque désobligeante est une tentative pour masquer votre émoi à la vue de la conclusion extra-lubrique et clairement Not Safe For Work de la vidéo, laissez-moi vous dire qu’elle est minable. Bref, comme je le disais, le véritable intérêt de cette réalisation de Jérémie Périn (sous le haut patronage de l’agence Première Heure) réside plutôt dans son esthétique riche en pixels et sa grammaire vidéoludique (power-ups, reliefs désertiques empruntés à Outrun, baston façon versus fighting…), ainsi que dans sa narration complètement foutraque et borderline. C’est bien simple, pour conter la battue d’un camionneur obsédé par une belle et farouche blonde à forte poitrine, les auteurs de ce machin ont l’air d’avoir couler leur raison et leur pudeur dans le béton avant de jeter le tout au fond de l’océan Indien. En témoigne cette liste non-exhaustive de (ré)jouissances : plans nichons à faire rougir Russ Meyer lui-même, arrachage de vêtements à coups de langue, ingestion d’excréments de caniche, chevauchée sodomite sur hippopotame , références ouverte aux films King Kong etAttack of the 50 Feet Woman, exploration en avion d’un colon géant… Too much vous dites ? Enkuler de rire. Pardon, je voulais dire effectivement. Mais la reconnaissance des routiers en tant que personnes comme les autres, c’est-à-dire à la recherche de l’amour avec un grand A, est à ce prix.


FLAIRS - TRUCKERS DELIGHT
par ThirdSideRecords