Réflexions sur la poésie
Villon, Gérard de Nerval, Góngora me paraissent avec le grand Baffo des sujets
de réflexions actuelles quant à la technique poétique. Unir le langage
populaire, le plus populaire, à une atmosphère inexprimable, à une imagerie
aiguë, annexer des domaines qui, même de nos jours, paraissent incompatibles
avec le satané «langage noble» qui renaît sans cesse des langues arrachées du
cerbère galeux qui défend l'entrée du domaine poétique, voilà qui me paraît
besogne souhaitable sans oublier [...] certains motifs impérieux d'inspiration
actuelle...
Poésie délirante? Kecseksa? Sous un certain angle toute poésie est délirante.
Sous un autre toute poésie est lucide. C'est même le propre de la vraie poésie
que cette dualité.
La poésie peut être ceci ou cela. Elle ne doit pas être forcément ceci ou
cela... sauf délirante et lucide.
Et le romantisme des classiques? Et le classicisme des romantiques? Toujours de
la salade.
Ce ne sont pas les poètes qui ont parlé de renaissance de la poésie..., ce
sont, bien entendu, les ou des critiques.
La poésie renaït! à son âge!
janvier 1944
Robert Desnos,Réflexions sur la poésie, dans Œuvres,
édition établie et présentée par Marie-Claire Dumas, Quarto Gallimard, 1999, p.
1203-1204, 1204, 1204, 1204, 1205, 1205.
Contribution de Tristan Hordé