Dans un précédent billet sur la stratégie électorale du PCF en Lorraine (voir ici), Karl m’interpelait pas plus tard qu’ hier sur sa crainte de me (nous) voir « amalgamer les militants communistes aux manœuvres de la direction en Lorraine »… ce commentateur sympathique et désemparé tenant à préciser ensuite : « Nous sommes de nombreux militants communistes en Lorraine à regretter amèrement cette décision. ».
Donc, petit message personnel à Karl : t’inquiètes pas, l’ami, je suis moi-même militant, même s’il s’agit d’un autre parti, néanmoins cousin, et je ne confonds pas les manœuvres électoralistes de certains dirigeants, qui tentent si maladroitement de conserver leurs petits strapontins, avec l’action en profondeur d’individus qui, comme nous, sommes davantage mus par nos convictions que par l’appât du gain ou des calculs d’intérêts divers et variés, au risque de déplaire aux professionnels de la politique… Dont certains dirigeants du PCF en Lorraine dans lesquels nous ne reconnaissons pas notre propre conception de la politique, un peu moins… utilitariste et alimentaire.
Je pense par ailleurs que ce genre de stratégie à court terme qui se veut pragmatique est ruineux à moyen et long terme, comme je l’ai déjà expliqué à certains des dirigeants du PCF locaux, pour diverses raisons dont deux points essentiels que je vais tenter de résumer ici :
tout d’abord, cette position de s’allier dès le premier tour avec le PS est intenable en termes de cohésion idéologique. Les communistes n’étant pas à ma connaissance de fervents supporters du capitalisme, ils ne sauraient cautionner et soutenir une certaine gauche (la partie la plus à droite du PS) qui s’est compromise dans la mise en œuvre très concrète de celui-ci, ou qui s’est contentée d’accompagner benoîtement, parfois même à son insu le processus de libéralisation outrancière de l’économie dans la quelle l’Europe a toute sa part, et qui nous a conduit à cette crise et aux méfaits que tout un chacun peut constater : délocalisations, privatisations et démantèlements de services publics, plans de licenciements massifs, déni de démocratie à l’occasion du référendum de 2005, à l’occasion duquel les français avaient pourtant significativement voté NON ! je n’ai guère entendu de dirigeants socialistes (à part peut-être sur son aile gauche) se scandaliser alors de ce que le gouvernement de Sarkozy se soit assis sur ce vote… Qui contrairement à ce que d’aucuns se sont plus à propager est moins anti-européen qu’anti-libéral.
Deuxième point de mon argumentation, le fait qu’en agissant ainsi, la direction du PCF en Lorraine participe à son (humble : 3;5 %) niveau au phénomène d’abstention qui par la part importante qu’elle atteint désormais mine notre démocratie.
Comment en effet avoir envie de voter quant on assiste à de tels revirements qui relèvent de la double personnalité ou en tous les cas d’une attitude intellectuelle pour le moins inconstante ?
Comment avoir envie de voter quand on voit qu’un parti appelle à voter avec ses amis de la gauche du PS pour le front de gauche aux européennes, puis change aussi cyniquement d’avis seulement quelques mois après, et se rallie dès le premier tour des régionales avec les socialistes, hier encore à leurs yeux vils ennemis honteusement sociaux-démocrates et sociaux traîtres…
Comment avoir envie de se déplacer vers les urnes quand on voit que certains politiques (qui discréditent l’action des autres) ont plus d’intérêts pour leur propre petite place que pour l’intérêt collectif ?
Par ailleurs, cher Karl, je t’informe que j’ai rencontré personnellement plusieurs militants sincères comme nous, dont des responsables de section communistes qui se sont sentis pour le moins « baladés » par leur direction, et notamment sur le contenu du référendum proposé aux votes des militants. La nature, la formulation et le contexte des questions sont tels que cela relève à mon humble avis de questions scandaleusement orientées dans lesquelles la réponse est déjà dans la question.. Les lecteurs jugeront au vu des pièces du dossier ci-après…
referendum pcf
A propos des régionales de 2010, les délégués à la conférence régionale du PCF avaient débattu le 14.11.09 sur les 2 orientations suivantes, citées textuellement:Les délégués s’étaient prononcé à 64 % sur cette deuxième orientation. Les 19 et 20 novembre les adhérents lorrains du PCF ont été appelés à faire part de leur choix entre les deux options libellées comme suit :
- soit « une liste du front de gauche élargie au mouvement social et écologique au premier tour pour rassembler les forces de gauche au deuxième tour « .
- soit » un rassemblement dès le premier tour incluant l’ensemble des forces de gauche nous permettant de créer un rapport de force suffisant pour garder la région à gauche et battre la droite« .
- êtes-vous d’accord avec le vote majoritaire de la conférence régionale ?
- êtes-vous d’accord avec la proposition minoritaire ?
Alors, les amis, envie d’être minoritaires ?
Tout cela pour te dire, cher Karl, que je suis de tout cœur avec toi, comme avec tous les militants et sympathisants d’une gauche non frelatée, qui a pour projet de mettre en œuvre une véritable alternative politique, un autre projet de société, vraiment à gauche, humaniste, républicain et social, dans toutes les régions sous la bannière du Front de Gauche.
Toutes. Non, hélas. Sauf une : la Lorraine.
Continuons d’espérer que les votes des sympathisants, militants et électeurs potentiels d’une Autre Gauche se rejoindront dans les urnes, en Lorraine aussi, même s’il devient nécessaire d’inventer une autre appellation pour cette liste.
Alors, l’ami Karl, partant avec nous, pour un nouveau Front Populaire ?
Qui aime la (vraie) gauche nous suive !
Et vive la Résistance !
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