Quand je suis né, mon identité était uniquement perçue comme familiale. M’appartenait elle ?
Puis mon univers s’est agrandi, mon identité devenait progressivement attachée à ce petit quartier en bord de forêt, cette petite ville, une identité du réel en sorte. Le monde était la proximité et n’occupait que quelques rues, c’était plutôt pas mal.
A l’école, l’idée de « pays » s’est formée, elle ne m’était pas innée, il y avait une seule Histoire, celle de la France, je n’ai pas eu à choisir, malgré mes origines grecques et autrichiennes, l’identité française s’imposait à moi à force, de force. Une forme d’identité de l’imagination. Le monde sinon, c’était la terre. Je ne le connaissais pas d’avantage que ces régions qui formaient la France.
Devenu adulte, j’avais déjà bien à faire avec mon identité propre en chantier, mais « l’autre » ne se définissait pas à mes yeux par son identité nationale, m’en souciais-je seulement ? Le Front National ne passerait pas par moi.
Ces dernières années, après avoir été abreuvé de mondialisation et d’Europe, j’ai intégré avec plaisir l’idée d’une Europe soudée, et celles et ceux que j’ai croisés et qui avaient une autre identité nationale que la mienne étaient une chance pour moi.
Aujourd’hui, mon identité sociale et économique a connu quelques déboires, mais mon identité d’individu, individuelle donc, ne se porte pas trop mal. Elle tend de plus en plus à se confondre avec une forme d’identité universelle, où toutes les autres identités intermédiaires ne forment que le monde abstrait, celui de la représentation, de la division.
Alors le débat sur l’identité nationale mené par le gouvernement actuel, à l’image de la plupart des débats de la société politique, médiatique, ou peopolaire, me semble rétrograde et très éloigné des questions humanistes, philosophiques et spirituelles.
Ma culture est française, ma personnalité a été formée dans un environnement français, et ma seule fierté identitaire réside dans le fait de partager avec d’autres citoyens du monde, l’espace d’un instant ou dans une relation qui s’établit au fil du temps, un sentiment d’acceptation, de respect, de partage et d’amour. En un seul mot, d’humanité.
La question de l’identité nationale n’a pas de place dans ma vie, elle est à mes yeux une préoccupation purement économique, ce monde économique qui s’accapare tous les sujets pour servir ses seules fins, au dépends des êtres.
Grégory H
ghadjo@hotmail.com